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Citation de Ziliz


Quinze et seize ans, ses filles. SES filles. Merde, c'était avant-hier qu'il avait leur âge. Alors il se met à penser à son père, d'un coup, et c'est pas bon signe. A son grand-père aussi, bien sûr. Au gosse qu'il a été, aux vieilles rancunes. C'est toujours pareil avec la picole : on croit qu'on s'éloigne mais on revient au centre encore plus fort, chaque fois. L'Espagne reprend ses droits au milieu de la cuisine alors qu'il n'y a jamais foutu un pied. Il se lève, s'immobilise quelques secondes devant le frigo ouvert pour la fraîcheur, saisit une autre bière.
Il s'en foutait, lui, de l'Espagne, et de cette guerre dont on lui parlait sans cesse. Il aurait préféré que ça n'ait jamais existé. D'ailleurs il n'a jamais voulu apprendre la langue, ça rendait son père fou de rage. Mais putain, y en avait marre de cette condition qu'on traînait comme une gloire : les perdants magnifiques, vivre avec l'Histoire sur sa gueule. Y en avait marre du grand-père, et de son rêve libertaire agonisant sous les balles franquistes. Les histoires de réfugiés au camp d'Argelès. Merde ! Tout le monde s'en foutait de la guerre d'Espagne, lui le premier. […] Y en avait marre d'être petit-fils d'étranger, et pauvre. Et de devoir en être fier. C'était ça, surtout, qui le rendait fou.
(p. 28-29)
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