De la fête au village à la fête au village , une année qui s'écoule, terne , morne ,sans grand changement , sans changement notable dans la vie des deux soeurs Jo et Céline .... Pas de grand changement , si ce n'est que Céline sera " maman " , et ce n'est même pas forcément un événement exceptionnel , sa propre mère l'ayant été avant elle et au même âge . Bien sûr , la différence est que Manuel , son père a , au risque de perdre la vie , assumé ses responsabilités en épousant Séverine , sa mère.
Manuel , il est maçon , il construit des maisons pour les autres sans pouvoir jamais espérer en posséder une à lui....Non , lui , il aime boire , " secouer " les ouvriers qu'il dirige , traficoter pour arrondir ses fins de mois , il a la main leste....Quant à Séverine, son épouse, elle travaille à la cantine , sans enthousiasme . Un couple sans histoire , sans grande ambition , sans grand espoir , un couple dont l'amour....Et deux filles , Jo et Céline , donc ,qui s'apprêtent à suivre scrupuleusement leurs traces .Le sort en serait - il jeté dès la naissance , d'une fête annuelle en fête annuelle ? Et que viennent faire Patrick et Said dans cet imbroglio familial ?
Ce roman est désespérant de noirceur, les personnages sont " prisonniers " de leur condition , on aimerait les voir échapper à ce sort qui les accable au lieu de les pousser à la révolte qu'on espère, en vain , jusqu'au bout.....
Ça vous prend aux tripes , comment dire , ça vous secoue , oui , c'est ça , ça vous secoue , au point de crier " mais ,bon sang , vivez , foncez vers autre chose ".......Une désespérante beauté exprimée d'une plume ferme et efficace .Une désespérante beauté dans la description d'émois d'ados en manque de socle et de repères familiaux .Une désespérante beauté traduite à travers des dialogues parfaitement adaptés à la situation de communication.Une désespérante beauté dans la description d'un foyer comme il en a existé , il en existe et il en existera encore sans doute malheureusement beaucoup , à moins que la petite Jolene......
En lisant cet ouvrage , j'ai pensé à deux très beaux films , " Dupont Lajoie" avec le regretté
Jean Carmet et " l'été meurtrier " avec Adjani et Souchon . Pourquoi ? Allez savoir ...Une magie de la littérature sans doute et de son impact sur nos modestes personnes.
Et puis , je terminerai là- dessus , la fête annuelle au village...Le ciment d'une collectivité qui , n'ayant pas grand chose à vivre en commun , se fédérait autour de cet événement cyclique. Quelle belle idée .Et attention , polar noir...et s'il y avait une ou des victimes , hein , ce serait peut- être pas mal.....non?