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Citation de DavidG75


-Journal de la Mort : Les Parisiens-

L’été arriva.

Pour la voleuse de livres, la vie se déroulait gentiment.

Pour moi, le ciel était couleur Juifs.

Quand leurs corps s’étaient en vain rués sur la porte pour trouver une issue, leurs âmes s’élevaient. Quand leurs ongles avaient griffé le bois et parfois même y étaient restés plantés par la force du désespoir, leurs âmes venaient vers moi, je les accueillais dans mes bras et nous quittions ces douches par le toit pour gagner l’immensité de l’éternité. Je n’arrêtais pas. Minute après minute. Douche après douche.

Je n’oublierai jamais le premier jour à Auschwitz, ni la première fois à Mauthausen. A Mauthausen, au fil du temps, je les ai aussi recueillis au bas de cette grande falaise, quand les âmes s’échappaient avec tant de mal. Il y avait des corps brisés et des cœurs tendres arrêtés.
Pourtant, c’était mieux que les gaz. J’en ai saisi certains avant la fin de leur chute. Je vous ai sauvés, pensais-je en tenant leur âme à mi-chemin, tandis que le reste de leur personne – leur enveloppe charnelle – allait s’écraser au sol. Tous étaient légers comme des coquilles de noix vides. Là-bas, il y avait un ciel de fumée.

Je frissonne à ce souvenir, tandis que j’essaie de m’en abstraire.

Je souffle dans mes mains pour les réchauffer.

Mais comment ne seraient-elle pas glacées quand les âmes frissonnent encore ?

Dieu !

Quand j’y pense, c’est toujours le nom qui me vient.

Dieu !

Deux fois.

Je prononce Son nom dans une vaine tentative pour comprendre. « mais ton rôle n’est pas de comprendre. ». C’est moi qui fais la réponse, car Dieu ne dit jamais rien. Vous croyez être la seule personne à qui Il ne répond pas ? « Ton rôle est de... » Là-dessus, j’arrête de m’écouter, parce que, pour parler franchement, ça me fatigue. Quand je me mets à réfléchir de la sorte, c’est l’épuisement garanti et je ne peux pas me le permettre. Je dois à tout prix continuer car, pour la grande majorité des gens, la mort n’attend pas et, si elle attend, ce n’est généralement pas longtemps.

Le 23 juin 1942, un groupe de Juifs français se trouvaient dans une prison allemande en territoire polonais. Le premier que j’ai emporté était près de la porte, l’esprit cherchant à s’évader, puis réduit à tourner en rond et à ralentir, à ralentir...
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