Citations de Martine Audet (25)
le ravissement de ton œil
agrandit l’espace
la lune tombe
ou s’élève
des rangées d’étoiles se jouent
de mes calculs
je ne demande rien
dans ta pensée
j’existe
ta pensée est matière
à étonnement
Sur ton épaule
un ciel aminci
mais très bleu
je relis la lumière
sur les murs de la ville
peut-être me dis-tu
quelque chose
j’y pense souvent
Le soleil est là
soudain
un trop-plein du ciel
une éclaboussure
je remonte les heures
par-dessus ma tête
par où rejoindre un rêve?
Une fine buée attrape les étoiles
la noirceur qui s’y cache
j’appuie mon front
contre la vite
des feuilles ou de l’oiseau
peu importe
qui danse
l’envers est l’endroit
un regard éblouit
ne faudrait-il parler que du bleu du ciel
de la poigne
de ce bleu
du ciel
fût-il pâle et intime
fût-il salé et troué
en parler éperdument
comme un corps aimant
achèverait nos gestes
mes yeux comme des carrés de nuit
couvrent le nom des pierres
pourquoi toutes ces étoiles
le vide est une transparence de l’oubli
saisir les vols d’oiseaux
comme un fruit de clarté
trop du bleu des heures
je n’ai plus l’usage de l’enfance
qui peint l’espace entre mes bras
vastes et lents
sous des blessures épuisées
le ciel est un rétrécissement de la peau
nous avons cousu nos corps à la nuit
pour la consolation de la nuit
les noirceurs s’entassent sous la peau
et gonflent les paupières
qui sommes-nous
ivres de miroirs
à joindre ces ciels éteints
Une voix,
ou encore quelques mots
résonnant comme des fins,
au lieu secret de prières, de défaites.
Je mâche les feuilles d'un paysage,
une pluie de feuilles.
Parmi les formulations de l'espèce,
seul le vent me prépare
des étoiles perlent
sur une peau inconsolée
j’enduis mes yeux de ciel
je ne sais où aller
chaque respiration
comme une plongée d’oiseaux
ramène mes mains
à la surface du jour
une lampe écharne un peu de nuit
je reconnais mes mains
à présent la poésie m’est douce
comme de l’eau
je me revêts de tes yeux
veilleurs magnifiques
et ne vois plus que des choses vivantes
j’embrasse la nuit sur la bouche
la plus aimée approche des vents
nous ne sommes pas sans conséquences
en cela même excède l’amour
à quérir ainsi ces ailes
brillance d’un trait
dans la ferveur des vents
le jour avait bougé
et jusque très tard
nous avons dévêtu nos gestes
PARFOIS…
Parfois je cherche à conserver
le silence d’une réponse.
Parfois j’écrase les nuits
de glace bleue
entre mes paumes.
Peu de mots exigent ma voix.
Rien, dans le carnet,
ne se fixe longtemps.
Je laisse aux êtres de l’enfance
la parfaite solitude.
Dans le tiroir des heures
je dispose côte à côte
un grain et l’immensité
la lueur d’une lampe glisse
sous ma porte
je retourne à la fenêtre
je n’ai pensé à personne
Plus habile est le sommeil
Plus libre l’infini
Qui ne connaît que les récits
La pure continuité du ciel
Je pense à ceux qui marchent au loin
Ou font demi-tour
Tu es avant ma fin
Tu la renouvelles
Dire du bien
Dire presque tout
De ta venue
Qui avale l’eau
L’être
Des immobilités
Je regrette les montagnes
Le désir pour hanter un paysage
Et le battement des mots
Quand la nuit départage
L’habitacle des miroirs
Un matin pâle
Et trop rapide
Tu poses
Entre les ombres
Ma tête
Toujours l’ordre des faux
Attend derrière
Poème lent
Viens frapper le sol
J’ignore où je vais
Avant de me perdre
Un jour trop clair
Ne retient pas la vie
De nouveau
Le matin perce un visage
Le vent aussi se lève
Un court instant promet l’envol