Maryline Mahieu

Les vivants sont intolérants ! Dès que vous flanchez, ils disent : «Que diable ! Secoue-toi !». Comme si c’était facile d’être énergique quand on a perdu celui ou celle que l’on aime… Comme si c’était facile de tourner une page lourde comme du plomb !

Le contact, il est vrai, était un moyen de communication important. Les animaux le savaient et en usaient abondamment. Pas les humains. Pourquoi ? Etait-ce si honteux de se blottir contre quelqu’un pour obtenir un peu de réconfort ? Pourquoi fallait-il que nos vies soient à ce point ficelées autour de nos amours propres et de nos tabous ? Nos existences n’étaient-elles que les fragiles châteaux de cartes évoqués par ma visiteuse ?

- Libre ?
- Libre de parler, d’évoquer des souvenirs, les bons et les mauvais. Libre de rire, de pleurer et d’être en colère contre le monde entier. Libre de pouvoir exprimer ce que l’on a sur le cœur sans être jugé. Oui, avec vous, c’est très différent… Vous avez un talent… Un pouvoir sur les gens.

La mort fait peur parce qu’elle peut survenir de façon imprévisible mais la mort, on en meurt toujours, c’est affreusement mathématique. Son implacable théorème est tatoué sur notre destinée. Poser son mouchoir sur cette réalité est plus douloureux que de la regarder.

Elle ne nous aimait pas, pourquoi donc se lamenter autant sur sa disparition ? Certainement parce qu'il avait partagé de bons moments avec elle, du temps où elle s'intéressait à la vie, pas encore, et si sauvagement, aux gens. Mon pauvre père marchait comme un zombie aux articulations rigides, ses genoux calleux frôlant le pare-choc de la Cadillac. Il le savait, sans toutefois pouvoir l’admettre, que sa mère avait occupé, sans jamais faillir et toute sa vie durant, le poste de tyran familial.

Ces choses que l'on ressasse sans jamais pouvoir les exprimer, étaient, j'en étais persuadé, les ennemies de la jeunesse et de la beauté.

J’ouvris les yeux et regardai les enfants. La mort, à leur âge, c’est comme l’Amérique, c’est très loin, on n’y pense pas, on sait tout juste que ça existe. Si pépé meurt, on dit qu’il est parti au ciel et tout va bien. On pleure un peu et on rejoue au foot le lendemain.

Le sexe sert à peupler et la mort à dépeupler pour le bon équilibre de l’humanité.

"La phobie est une pensée sous adrénaline. Une pensée lancinante et impossible à contrôler. Une sorte d’atome meurtrier livré à lui-même dans l’esprit humain"

Il avait la panoplie buccale parfaite pour séduire toutes les filles de la terre.