Il était huit heures moins le quart lorsque j'ai atteint le sommet, la montée m'avait pris trois heures. Mais quel sentiment m'a alors envahi, de me trouver là, mon petit moi en haut du plus haut col du Nouristan, l'un des plus hauts cols de la planète.
M'adressant au col, j'ai crié à tue-tête : « Maintenant, tu es à mes pieds ! » S'il est difficile de conquérir un royaume, quelle joie de le gagner sans avoir à accabler ou tuer personne !
Malgré ma fatigue, je suis resté au sommet pendant quelques minutes, contemplant l'extraordinaire panorama avec un réel sentiment de joie et de fierté, au-dessus de moi il n'y avait plus que l'immense voûte bleu foncé. Il me semblait que j'aurais pu toucher l'âme bleue du ciel suspendue au-dessus de nous. (p.159)
Vois la générosité de notre adversaire, il envoie à nos enfants des jouets piégés et des mines en forme de papillons. Son objectif est de terrifier des villages entiers et de pousser les malheureux habitants à abandonner leur terre pour devenir des réfugiés. Lorsque je vois ces petits avec leurs vêtements pauvres mais richement colorés, ils me font penser à des papillons sans ailes. Nasim, un berger, m'a dit que les soviétiques avaient déversé des centaines de mines « jouets » pour terroriser la population civile. Quelle tragédie pour les enfants et leurs mères ! Quel usage cruel de la science !
Hier j'ai vu une petite fille qui n'a qu'une main. Elle s'appelle Saliha, bien qu'elle ait huit ans, elle a l'aspect d'une enfant de quatre ans. Son père m'a dit qu'il y a un an, elle avait ramassé une de ces mines jouets qui lui avait arraché la main. Elle était restée dans le coma pendant un mois. Depuis, elle a peur de tout et ne veut plus toucher à quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à un jouet.
(p.275)
Après le déjeuner, je suis allé visiter une autre école de garçons installée à l'ombre d'un vénérable peuplier. J'ai attaché mon âne à un vieux clou rouillé planté dans son énorme tronc. Les garçons âgés de dix à douze ans étaient très excités, je ne sais si c'était à cause de moi ou à cause de l'âne. À nouveau, leur pauvreté et l'état de leurs vêtements m'ont fait mal au cœur, beaucoup étaient nu-pieds.
Imagine un peu ce qui m'est arrivé devant cette classe. Je leur demande très fier : « Écrivez-moi le mot âzâdi, liberté. » Je vois que seuls deux enfants écrivent. Je demande brusquement à l'instituteur : « Comment se fait-il que seuls deux des élèves sachent écrire ? » Alors que tous les yeux convergeaient vers moi, le pauvre instituteur me répond d'une voix timide : « Khalili Sahib il n'y a que deux crayons dans la classe. » J'avais honte. (p.411)
Hafiz-Ullah, le fils de mollah Wali doit avoir dix-sept ou dix-huit ans. Dans notre pays on ne sait jamais précisément l'âge de quelqu'un. Que ce soit en ville ou à la campagne, nous n'avons pas de
registre de l'état civil. Nous sommes tous nés au pays, c'est tout. Parfois, certains anciens écrivent une date de naissance sur le coin d'un Coran, et bien sûr, ceci n'est possible que s'ils savent écrire. Ils essayent parfois de se rappeler la saison à laquelle un bébé est né. Ils disent par exemple : « II, ou elle, est né à la saison des fleurs, ou des raisins, ou encore des noix ». Hafiz-Ullah ignorait sa date de naissance mais il savait qu'il était né à la saison des raisins. Une autre manière pour les gens de savoir approximativement leur âge est de mentionner qui était au pouvoir au moment de leur naissance. (p. 231)
Il était huit heures moins le quart lorsque j'ai atteint le sommet, la montée m'avait pris trois heures. Mais quel sentiment m'a alors envahi, de me trouver là, mon petit moi en haut du plus haut col du Nouristan, l'un des plus hauts cols de la planète.
M'adressant au col, j'ai crié à tue-tête : « Maintenant, tu es à mes pieds ! » S'il est difficile de conquérir un royaume, quelle joie de le gagner sans avoir à accabler ou tuer personne !
Malgré ma fatigue, je suis resté au sommet pendant quelques minutes, contemplant l'extraordinaire panorama avec un réel sentiment de joie et de fierté, au-dessus de moi il n'y avait plus que l'immense voûte bleu foncé. Il me semblait que j'aurais pu toucher l'âme bleue du ciel suspendue au-dessus de nous. (p.159)