Vous n’avez jamais rien compris à la situation en Afghanistan. Ou plutôt vous avez des idées simples : d’un côté les « bons », comme le commandant Massoud « au profil d’aigle », tué dans un attentat à la veille du 11 septembre 2001, ou la coalition internationale, de l’autre les « méchants », terroristes ou talibans.
Oubliez les clichés.
Voici un document rare, un journal sous forme de lettres à sa femme, écrit par un Afghan engagé dans la libération de son pays, qui l’été 1986, sous l’occupation soviétique, pour accomplir une mission secrète, a gravi à pied les montagnes et les cols les plus hauts du globe. Évitant les chars russes barrant les principales routes d’accès, il a traversé le nord-est du pays pour rejoindre le cœur de la résistance personnifiée par Ahmad Shah Massoud, à qui il devait transmettre des fonds et des instructions. Son regard, au gré d’une marche ardue et périlleuse, se porte autant sur les paysages grandioses que sur ses concitoyens victimes de la guerre, plein de solidarité et d’empathie pour leur souffrances, d’horreur devant les exactions qu’ils subissent. L’Afghanistan, et la guerre qui le frappe, sont vécus et ressentis de l’intérieur.
Si vous avez encore des doutes sur les causes de 40 ans de chaos dans ce pays meurtri, la très intéressante postface, très documentée, dévoile le jeu extrêmement complexe des forces géopolitiques encore à l’œuvre pour achever de déchirer l’Afghanistan : une synthèse brève mais complète des intérêts divergents ou intriqués, mais souvent méconnus, à l’œuvre dans ce pays.
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