Massimo Millefanti

L'évolution des espèces a généré une nature d'une foisonnante et captivante diversité. Certaines espèces animales sont dotées d'attributs remarquables, qui leur donnent un caractère original, unique. De petits ou grands livres leur sont parfois consacrés, qui constituent autant d'histoires naturelles passionnantes. Ainsi, dans la collection Terrario des éditions De Vecchi, ce livre bien documenté sur les caméléons.

Tout d'abord, ce n'est pas sous le front que l'animal caméléon dut avoir tant de chair sur tant d'os, mais plutôt dans sa gueule. Car c'est grâce à une langue (très) charnue et collante, doté à la base d'un os hyoïde modifié, repliable, que le caméléon attrape ses proies. En effet, pas question de manger des feuilles ou des fruits, le caméléon est un carnivore (qui mange surtout des insectes), et c'est à ce régime alimentaire particulier qu'il doit quelques-unes des adaptations les plus surprenantes du monde animal.

L'évolution a façonnée, chez ce petit animal qui passe ses journées « pincé » sur une branche (son pouce et son index sont opposables aux trois autres doigts, ce qui donne l'aspect d'une pince à sa « main »), des caractères particulièrement adaptés pour attraper des insectes rapides, qui volent, ou sautent (sauterelles et criquets).

« Voir sans être vu » serait un peu son credo. Sans bouger, fondu dans le milieu naturel grâce à cette formidable épiderme qui en prend les teintes, le caméléon est capable de tourner ses yeux à 180°, chaque oeil étant indépendant de l'autre. Il n'a plus qu'à lancer sa langue lorsqu'un insecte passe à sa portée...

Les propriétés de la peau du caméléon, qui lui permettent de changer de couleur, sont bien expliquées, bien que ce passage sur le mimétisme... n'occupe que trois pages ! Autre motif d'insatisfaction dans ce livre : réalisé par des vétérinaires et un importateur de caméléons, ils s'intéressent beaucoup aux maladies et aux questions relatives à l'élevage en captivité, et pas du tout à l'histoire de cette singulière lignée évolutive. Leur seule incursion dans la classification des espèces est une erreur, puisqu'ils les présentent comme des reptiles, groupe qui n'est plus valide dans la nouvelle classification phylogénétique. Par ailleurs, il y a pas mal d'approximations dans certains termes employés, mais c'est peut-être un problème de traduction ?

C'est bien dommage pour un livre qui se veut par ailleurs très complet, car les origines évolutives de cet os hyoïde modifié, ou de cette épiderme si particulière, par exemple, auraient constituées une question intéressante. Heureusement, il y a beaucoup de photos de caméléons, et un descriptif de 24 espèces (sur les quelque 150 espèces existantes actuellement), sous forme de fiches à la fin du livre.