Dans le monde du Quatrième Ordre, la population humaine (pas d’autres races dans cette histoire) se subdivise actuellement en trois Ordres :
Les Mages qui usent de sortilèges variés, mais aussi de potions et de poudres.
Les Guerriers qui possèdent une forme de magie puisqu’ils peuvent accroître leur Force, leur Résistance (la dureté de leur peau, même face aux attaques magiques) et leur Endurance.
Les Ordinaires, sans aptitudes spéciales, si ce n’est leur intelligence et leur aptitude à inventer divers objets.
Tout ce petit monde vit en harmonie sous l’autorité de l’Empereur Euridipe III et de son épouse. La magie est omniprésente, augmentant la capacité de divers inventions Ordinaires (les ascenseurs par exemple) ou celle des armes des Guerriers. Un monde paisible, où les Elites, formées au sein de l’Université Impériale et regroupant des membres des trois Ordres, font régner la justice en toute indépendance.
Paisible ou presque puisqu’il ya tout de même quelques démons qui font de rares incursions dans ce monde, mais si peu…
Tous les 5 ans, à lieu la Rencontre (d’où le sous-titre moyennement accrocheur du premier tome). Vaste fête en la capitale, constituée de multiples épreuves où chaque Ordre peut montrer ce qu’il sait faire : concours de potions, de combats magiques ou armés, labyrinthes à énigmes, chasses, courses, équitation,s inventions, chants… Bref des Jeux Olympiques aux disciplines très larges. Un événement majeur.
Bibi (et oui, c’est le nom du personnage central) a décidé de sortir de la forêt où il a été élevé en reclus par un maître strict pendant des années, puis où il a vécu seul pendant 4 ans après la mort de celui-ci. Son but : participé à la Rencontre. Mais, outre son éducation et son animal-totem (un lynx) qui le suit partout, Bibi a une particularité singulière : il fait parti du Quatrième Ordre dont il est probable qu’il soit, en cette année 95, l’unique représentant.
Le Quatrième Ordre est celui des Guerriers-Mages, combinant les aptitudes des Mages et des Guerriers. Le problème est que cet Ordre a un passé compliqué comme le relate le prologue (histoire du monde). Passer de sauveurs à menaces, puis à exclus, cet Ordre a généré les Purs (dont Bibi se revendique) mais également les Sombres dont le nom suffit à comprendre qu’ils ne sont pas les plus sympathiques du monde.
Autant dire que son statut va causer diverses réactions aussi bien à la capitale que durant la Rencontre et après… heureusement, il se sera crées des amitiés (parfois difficiles) avant celle-ci, en commençant par Taro Chanteterre, jeune Guerrier dont le rêve est de devenir Elite. La famille de sa tante Mouna Drudeplui qui tient une auberge, accueillera avec chaleur Bibi. S’ajouteront très vite à ces amitiés, Ran Chantebrise, le meilleur ami de Taro et Luce Sanrouge, une Mage de la noblesse qui a fuguée de chez son père à la grande renommée. Un quatuor de base autour desquels graviteront de nombreuses relations et quelques antagonistes.
Étonnant ! Ce roman de Fantasy pour Adultes et Jeunes Adultes est tout bonnement étonnant.
Tout d’abord, l’Auteur Mathieu Valentin, croisé lors d’un festival, retranscrit notre présent dans un monde médiéval (fin du haut moyen-âge, voire plus tard pour certaines inventions / découvertes). Ainsi, nous y retrouvons les mœurs et les comportements de notre époque, ainsi que certaines institutions : vedettariat de certains chanteurs ou de participants à la Rencontre, boites de nuit, université ou attitude de la jeunesse.
Ensuite, il créé un monde très positif (globalement), très joyeux et heureux. Les personnages principaux, rient, s’amusent et festoient avec une véritable insouciance comme des jeunes d’une vingtaine d’années (âge des personnages). Attention, ce n’est pas « tout sucre », ni mielleux, même si les bons sentiments dominent. C’est enjoué, bien loin des ambiances de nombreux romans sombres de fantasy. Bref ça fait du bien.
Un décalage que l’on retrouve parfaitement dans le nom du personnage principal : Bibi ! Il fallait oser, mais il s’intègre parfaitement à l’ambiance. Petit bémol sur les prénoms : Targo (un noble antipathique et pédant) trop proche de Taro, mais c’est un détail.
Bibi est fantastiquement original, non pas par son origine mystérieuse et ses dons supérieurs, mais par sa personnalité. C’est un candide, qui plus est un gentil candide (malgré ses sautes d’humeurs et un foutu caractère) pourvu d’une véritable sensibilité - les personnages n’hésitent pas à pleurer. Ces donc à travers ces yeux que nous découvrons ce monde avec son apparente perfections et ses inégalités en coulisses.
Comme je l’ai dit, la magie est omniprésente et les Mages (Bibi inclus) usent de sorts usuels (genre parapluie) sans que cela ne gène qui que ce soit, mais ils ont aussi des capacités défensives et offensives bien supérieures, enchainant sorts sur sorts, même ceux qui n’ont pas la capacité d’Endurance que la portion Guerrier de bibi lui octroie.
Les combats magiques dans l’arène me font d’ailleurs penser à ceux dans l’arène de Dragon Ball avec un déploiement d’effets explosifs et autres. Les fans de jeux sur plateformes multi-joueurs ne devraient pas être non plus dépaysés avec les sphères de protections, incendie et autres joyeusetés. Le déroulement de ces affrontements confirme le côté très ludique de l’histoire.
Pour être honnête, je me suis un peu ennuyé durant l’inventaire des épreuves passées par les différents protagonistes et leurs résultats, même si je ne peux m’empêcher de penser que ce passage était obligatoire pour le récit. Mais, rassurez-vous, tout cela est condensé sur quelques pages seulement et les événements qui suivent m’ont pris à contre-pieds. Un contraste bien amené par cette langueur.
Nous somme à un peu plus de la moitié du livre (vers la page 200 me semble-t-il)… Et là, je suis encore plus accroché que jamais. Je ne lâcherai quasiment plus le roman jusqu’à la fin. J’ai dévoré les 150 dernières pages en une fois, sans même fatiguer des yeux (et pourtant j’étais dans un transat à l’ombre des arbres). Tenu en haleine par ce conflit de personnalités (jalousie quand tu nous tiens), la fin des épreuves (deux affrontements majeurs, mettant en scène Taro, Bibi et Couma Fortemaison un membre de l’Elite), l’action qui met son grain de sel avec violence et tout ce qui s’en suit…
Un livre qui, outre sa légèreté, m’a charmé par bien des côtés comme le lynx Rivi - même si son rôle reste très transparent - ou comme cette université qui me rappelle clairement mes années de prépas et d’études, me laissant à penser que l’auteur a dû lui aussi passer par là. Là aussi un transfert de notre époque. Un bizutage gentil, l’esprit de compétition de certains, les groupes qui se forment et le soutien d’un noyau dur d’amis. Le directeur de cette école, le Mage Daucus Magemonde, se situe entre un Gandalf et un Dumbledore (en plus jeune). Un personnage fort sympathique, à moins que cela ne cache quelque chose…
D’autre part, le fond politique, même s’il n’est que survolé, est intéressant avec ce mouvement Citoyen qui prend de l’ampleur face aux Nobles et à leurs privilèges qu’ils défendent becs et ongles. Un petit côté révolutionnaire qui n’est pas forcément d’une autre époque.
La position de l’Université des Elites face aux pouvoirs est tout aussi passionnante, avec cette perte d’autonomie qui se profile. Une position intenable qui n’est pas sans me rappeler celle des Jedis face aux exigences militaires de la République. Dans une autre conteste, le rôle de Harty Chauffevive au sein de l’université me fait penser à celui de Dolores Ombrage dans H.Potter.
Enfin le différent politique entre l’Empereur conservateur et son épouse féministe et progressiste présente un ressort possible pour la suite.
Si j’ai été un peu décontenancé par le ton léger de l’histoire (parfois lassé ? Même pas sûr en fait) et par une évolution assez lente d’événements majeurs dans la première moitié du livre (qui met en place les personnages et les amitiés), j’ai adoré des tonnes d’éléments dans ce Quatrième Ordre, à commencer par les personnages. Je m’y suis très vite attaché, ressentant une réelle empathie pour eux.
Un roman frais que je vous recommande, et dont je lierai sans aucun doute la suite.
Lien :
http://fredericgobillot.over..