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Critiques de Mathilde Hug (5)
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En arden

J'ai parcouru les pages de "En Arden" de Mathilde Hug aux éditions Gorge bleue tel un funambule, sans jamais savoir de quel coté Julie, ses amours, ses amis, le monde, l'histoire, l'écrivaine, ses idées et moi... allions tomber.

Comme une sensation de malaise, de révolte qui n'explose pas, de vertige, de crainte parfois, d'envie de reculer, ou au contraire de sauter d'un grand bond pour enfin atteindre le bout et être sain et sauf, de vouloir se raccrocher à quelque chose de solide quand tout se défile, que tous perdent pied...



Je me suis ainsi saisi des petits bouts de Shakespeare qui parsèment le texte, pour m'agripper, pour ne pas tomber, ne pas sombrer...

Et puis cette plume aussi...

"Je chancelle au bord de ma chance"

"Le silence aussi a un goût de cendre"

"Je ne sais pas croire à la présence des absents. Je ne sais pas me serrer contre des corps en pensée"

"Un dos qui se tourne"

"Vous avez remarqué qu'ils ont toujours envie de dormir dans Macbeth ? Ils essayent toujours d'aller dormir, et n'y arrivent jamais. Lorsqu'il tue le roi, Macbeth entend une voix dans sa tête qui s'écrie 'Macbeth does murder sleep', Macbeth assassine le sommeil. Il se met même à envier le roi mort, parce qu'il dort bien".

"Ne fait-il pas nuit, et de plus en plus nuit ? Ne fait-il pas nuit et de plus en plus nuit, ne faut-il pas allumer les lanternes dès le matin ? Ne fait-il pas nuit ? Nuit à effrayer les monstres ? Ne faut-il pas allumer les lanternes, toutes les lanternes, alors même que toutes les lanternes semblent éteintes ? De plus en plus nuit, à ce point qu'on ne distingue même plus le grand orchestrateur sur son cheval blême ? De plus en plus nuit, à mesure que nous nous enlisons dans la boue des jours, des nuits, des sales nuits d'angoisse que les lanternes du matin n'écartent pas ? Pas à pas sans lanternes, à progresser dans le noir, comme Macbeth parmi le bruit et la fureur, ahuri de sensations confuses, l'œil revenu des premières visions. Comme Macbeth, allumer les lanternes dès le matin, au point du jour qui ne vient pas, car secrètement c'est la seule satisfaction qui reste, celle de savoir que c'est enfin le matin, qu'on a le droit d'allumer la lanterne, qu'on a passé le plus dur, qu'on a encore un jour de plus"

...



Merci à @marchal_ pour cette jolie découverte et à la Librairie Gutenberg.



Fraternellement, Jules Pétrichor
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En arden

J’ai tout de suite été séduite par la couverture poétique et onirique qui laissait présager un texte tout en délicatesse.



Et c’est exactement ce que j’ai trouvé dans ce roman, du moins dans la forme, puisque le fond se concentre sur des thématiques sociétales fortes et importantes. Ainsi, les nombreuses références littéraires et les pensées et états d’âme de Julie mettent en lumière une actualité brûlante et des schémas de pensées archaïques, certaines issues du colonialisme et du patriarcat. Des pensées délétères et des préjugés qui égratignent chaque jour un peu plus le vivre-ensemble et menace d’imploser à chaque moment. C’est d’ailleurs dans un certain climat de tension que nous évoluons, des échauffourées ayant éclaté après l’interpellation d’un lycéen qui a mal tourné. Un drame qui ne sera pas sans faire écho à d’autres, ceux-là bien réels…



Si Julie nous semble évoluer dans son monde intérieur, elle se prend la réalité en pleine face : son couple est une vaste fumisterie, les sourires sont parfois un moyen détourné d’obtenir ce que l’on souhaite, le monde est injuste, le sexisme et le harcèlement de rue, une réalité, et la France pas forcément ce pays de tolérance qu’il se targue d’être. Mais alors qu’elle s’informe, s’indigne et essaie de comprendre, son compagnon se contente d’un cynisme propre à une certaine élite intellectuelle qui semble parfois déconnectée des drames du quotidien, préférant s’enfermer dans des idées et postures bien plus confortables. Mais jusqu’à quand peut-on faire la sourde oreille et rester en retrait du monde ? Jusqu’à quand peut-on prétendre ignorer que la politique d’intégration défendue par le modèle républicain français se soit transformée, au fil du temps, en une injonction à subir la discrimination en silence ? Comment peut-on laisser le racisme gangréner les esprits et les injustices durablement s’établir ?



La dénonciation du racisme et de l’hypocrisie autour de la question tient une place importante dans le roman, mais l’autrice évoque également les discriminations envers les femmes, mais surtout le rôle et la place que la société leur a assignés. Injonctions à se taire, injonctions à paraître, injonctions à enfanter, mais pas à explorer sa sexualité sous le prisme du plaisir… Difficile de dire les femmes libres ! N’oublions pas non plus la manière dont leur présence dans la rue est bafouée et soumise aux regards des hommes qui se sont approprié l’espace public : sifflement, insultes, regards salaces, frottements… Quand on est une femme, et quoi qu’on puisse faire, on est certaine d’y être confrontée à un moment de sa vie, plus probablement tout au long de sa vie.



Mais, peut-être pire, cette oppression et étouffante domination ne se limitent pas à la rue. Combien de femmes n’ont-elles pas pu ou osé dire non à leur compagnon, petit ami ou mari ? Combien doivent encore subir le mépris quotidien et ces petites phrases destinées à les remettre à leur place ? Combien se sont laissées prendre dans les filets d’un manipulateur ?



En parallèle de ces thématiques, on suit les coulisses d’une pièce de théâtre que tente de mettre en scène Thomas, avec l’aide de Julie. Mais entre les doutes personnels de l’homme, ses propres barrières mentales et les conflits entre les acteurs, la situation est loin d’être reposante. Cet interlude dans le monde du spectacle avec son aura toute shakespearienne m’a bien plu et offre une vision réaliste, et non idéaliste, du processus créatif et de ses difficultés… J’ai également apprécié la subtilité avec laquelle théâtre au sens strict du terme et théâtre de vie se fondent dans une mélopée grinçante.



Si l’écriture est puissante, poétique et belle à la fois et les différentes thématiques intéressantes, notamment par toutes ces réflexions et prises de conscience qu’elles suscitent, du racisme à la « puissance du masculin » en passant par tous ces doutes qui forment les personnalités, ce texte pourra surprendre. Car, du moins pour moi, on est bien plus à la croisée de l’essai et du roman que de la pure œuvre de divertissement. Un mélange audacieux, très bien amené, et plutôt percutant, qui a bien fonctionné sur moi, mais qui ne convaincra pas forcément les lecteurs en quête d’une simple histoire, et non d’une œuvre mêlant avec un certain sens de l’à-propos trajectoire individuelle et débâcle collective.



En conclusion, En Arden fait partie de ces textes forts, portés par une belle et délicate plume, qui bousculent les certitudes et poussent les lecteurs à s’interroger sur leurs propres croyances et le miroir déformant à travers lequel ils en sont venus à les façonner. Engagé, et par certains aspects militant, voici un ouvrage qui ne laissera personne indifférent, et dont la puissance réside, entre autres, dans la manière dont il fait le parallèle entre littérature, crises existentielles et drames actuels.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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En arden

Quand je l'ai vu, j'ai directement pensé à un roman avec de la poésie, de la beauté, de la douceur, et évidemment, un message à faire passer. Et je n'ai pas été déçue.



En Arden c'est un roman poignant, qui dénonce de multiples choses, c'est comme si on lisait le journal intime de Julie, et j'ai trouvé ça merveilleux.



On y suit Julie, qui monte une pièce de théâtre avec un ami, qui a un copain, des grands-parents, un amant et une meilleure amie. Elle est bien entourée et pourtant on le sent, elle se sent seule.



C'est un roman déchirant qui parle de la condition féminine, du viol, des hommes violents, de la volonté d'être une femme libre. Mais il parle aussi des immigrants, du racisme en France, de la violence policière. Sans oublier Shakespeare et ses pièces de théâtre.



C'est un roman qui dénonce, qui montre que rien ne va, tout tourne de travers, qu'il faut tout changer, tout recommencer.



Comme une pièce de théâtre.



Bref, j'ai adoré. Et je vous le conseille à mille pourcents
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En arden

J'ai été attiré par ce roman dans la masse critique de Babelio pour son côté féministe...je me suis retrouvée à lire les errements d'une jeune femme à la vie privée en déroute et qui s'interroge sur la société, les migrations, le racisme, le désir, le sens de son travail.



C'est à la fois un roman et un essai à mon sens qui reprend toute l'idéologie de gauche actuelle et en dresse un catalogue certes magnifiquement écrit mais qui devient légèrement gênant quand on en vient à se demander si l'auteure ironise sur les penseurs en société ou pensent tout ce qu'elle écrit.



Il y a une sorte d'engagement de Julie pour tout ce qui est politique et une sorte de désengagement pour sa vie privée, on y lit une violence conjugale en même temps qu'un adultère assumé mais aussi l'appel à ne pas stigmatiser les banlieues et laisser perdurer le racisme sans que Julie ne s'implique autrement qu'intellectuellement, sans oublier les piques contre toute forme de religieux.



Je reste dubitative et m'interroge vraiment sur le sens que l'auteure voulait donner à cet ouvrage : un pamphlet pro immigration ? Une vision amorale du couple ? La dénonciation de l'immobilisme de l'état ?



Le positif a été pour moi l'écriture et les citations de Shakespeare qui émaillent le texte.



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En arden

Julie est une jeune femme d'une trentaine d'année, parisienne, qui participe au montage d'une pièce de Shakespeare. Mais où s'arrête le théâtre et où commence la réalité ? Chaque jour, Julie se retrouve face à la société mise en scène et laisse faire, impuissante. Sexisme, violences policières, racisme, c'est le théâtre de notre réalité que Mathilde Hug nous offre ici. Mais Julie n'est pas caricaturale, au contraire, c'est sa banalité qui fait qu'on la comprend, qu'on s'identifie à elle et que ce roman nous prend page après page. Quelle plume acérée ! Pour un premier roman, c'est remarquable !
Lien : https://www.instagram.com/li..
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