Cette évidence transperça l’obscurité opaque dans laquelle s’était insidieusement engoncé son esprit. S’il se sentait perdu, c’était uniquement parce qu’il avait fait le choix de chercher la raison là où elle n’existait pas. Le Requiem de l’horloge était une aberration. La course à l’argent et à l’audimat menée par les producteurs, une intolérable cruauté. La soif morbide et insatiable du public, une impensable ignominie. La participation des candidats, une folie incompréhensible. Chercher à comprendre ne servait à rien, tout reposait sur une base pourrie. Le sentiment immanent et supérieur d’une humanité douée de raison avait déjà failli…
Ils étaient tous là, à regarder l'horloge, tremblotant et gémissant, priant et espérant. Tous des zombis, déjà plus morts que vivants, qui suivaient avec appréhension le martèlement sourd de sa trotteuse. Tous des spectres d’eux-mêmes, des fantômes avant l’heure. Des visages en décomposition, des sueurs froides, des yeux apeurés et fuyants : tout ce savant cocktail de l’épouvante et de l’angoisse qu’elle aimait tant. Mais patience… Tac, tac, tac. Patience. Le plaisir ne devait point être hâté, et le temps scrupuleusement compté. Tac, tac, tac…