Mais il ne suffisait pas d’être dehors pour être libre. J’étais toujours enfermée derrière les « grilles » du conditionnement : je me sentais coupable dès que je restais deux minutes « sans rien faire » ; j’ouvrais toujours les yeux avant la sonnerie du réveil et me levais comme un ressort sans même prendre le temps de m’étirer ; j’organisais mes trajets de façon à me présenter à mes rendez-vous à la minute exacte… Je sentais que des terreurs muettes, tapies dans la forêt obscure de mon enfance, attendaient leur heure pour me déchiqueter.