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Citations de Maude Julien (58)


Depuis quelques temps, mon père insiste sur ses pouvoirs de pénétration psychique. Il peut entrer dans la tête de qui il veut quand il veut. Il n'a pas même besoin d'être physiquement présent car il peut se déplacer sans être vu. Il faut que je comprenne que je ne pourrai jamais rien lui cacher : "je suis partout je vois tout. Quoi que tu fasses je le sais. Tout ce que tu feras je le saurai."
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Petite, je me répétais une promesse, qui se terminait par une prière: "Si je sors un jour, je m'émerveillerai de tout ce que je verrai. Je prierai pour que la voix de mon père reste enfermée dans la maison et ne me poursuive pas partout."

(p 299)
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On ne rappellera jamais assez combien un simple sourire peut changer la vie, et combien un mot ou un regard agressif peuvent assombrir le monde.
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Le système implacable et quasi étanche que mon père avait créé tuait dans l’œuf toute possibilité de révolte. Pourtant, j’ai fini par trouver le chemin de la liberté. J’ai eu la chance de recevoir l’amour et la tendresse sans conditions de quatre êtres merveilleux : une chienne, deux poneys et un canard. Des humains aussi m’ont montré de l’amitié : une prof de piano sévère, une coiffeuse terrorisée et une lycéenne recalée au bac. Les livres et la musique m’ont ouvert à des idées, des sentiments et des imaginations qui défiaient l’endoctrinement.
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Mais il ne suffisait pas d’être dehors pour être libre. J’étais toujours enfermée derrière les « grilles » du conditionnement : je me sentais coupable dès que je restais deux minutes « sans rien faire » ; j’ouvrais toujours les yeux avant la sonnerie du réveil et me levais comme un ressort sans même prendre le temps de m’étirer ; j’organisais mes trajets de façon à me présenter à mes rendez-vous à la minute exacte… Je sentais que des terreurs muettes, tapies dans la forêt obscure de mon enfance, attendaient leur heure pour me déchiqueter.
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Périsaut me regarde d'un air triste qui semble dire:"pourquoi.? "
Ses pourquoi entrent en résonance avec tous les pourquoi qui me hantent depuis toujours. Pourquoi enfermer Linda? Pourquoi attacher Périssaut? Pourquoi je n'ai pas le droit de sortir? Pourquoi il est interdit de se régaler en mangeant? Pourquoi Yves éteint sa cigarette sur mes genoux? Pourquoi Raymond me fait ça? Pourquoi il est interdit d'avoir du chauffage dans ma chambre? Pourquoi on ne peut pas se laver? Pourquoi personne ne m'embrasse comme dans les romans? Pourquoi je n'ai pas le droit d'aller à l'école avec les autres enfants? Pourquoi?
Mais le plus grand des pourquoi c'est pourquoi ma mère me hait autant
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Maude, quand je te dis de choisir, ça ne veut pas dire “choisir”. Ça veut dire prendre ce qui est devant toi d’un air décidé, de sorte que l’autre ne décèle aucune hésitation chez toi. Choisir n’est pas se faire plaisir. Seuls les faibles hésitent et se font plaisir. La vie n’est pas une partie de plaisir, c’est un combat sans merci. Si tu montres à quelqu’un ce qui te fait plaisir, tu lui montres tes failles, et cette personne en profitera pour te broyer. Quand tu agis comme tu viens de le faire, tu nous mets tous en péril.
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Mon cœur se serre. J’aime mon père, il me manque déjà. Je déteste mon père et je veux me sauver. Au moment où la grille se referme, le souvenir de ma fausse promesse me transperce. Ma mère a raison : on ne peut pas compter sur moi, je pars comme une voleuse, comme les traîtres, comme les rats qui quittent le navire. J’ai honte, mais je monte dans la voiture de Richard et je fais claquer la portière, comme pour effacer le bruit des grilles qui s’étaient refermées sur moi il y a quinze ans.
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Derrière moi, j'entends la lourde grille qui se referme en raclant le gravier. Un krikrikrikrikri déchirant, jusqu'à ce que les deux battants s'entrechoquent. Puis vient le clic de la serrure, suivi du clac de la fermeture totale. Je n'ose pas me retourner. J'ai l'impression qu'un couvercle vient de s'abattre sur moi.
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Tous les pharaons sont de grands initiés qui savent comment passer du monde des vivants au monde des morts : leurs serviteurs, leurs animaux de compagnie et leurs femmes sont emmurés vivants avec la momie pour aider le maître à traverser le champ des roseaux et continuer sa vie dans l’au-delà, pendant que, sur terre, le jeune pharaon perpétue son œuvre. Ce que les profanes ignorent, c’est que les pharaons peuvent refaire le voyage en sens inverse en cas de nécessité. Ils ont pénétré les secrets de l’univers, ils peuvent à volonté les révéler ou les voiler.
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Mon père est un grand guérisseur et le whisky est son remède miracle contre les écorchures comme contre les rages de dents. Il m’en fait boire une bonne rasade en me recommandant de garder l’alcool le plus longtemps possible dans la bouche.
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Les excuses, c’est pour les lâches et les faibles. Quand on veut, on peut.
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Mon père martèle que la peur est "la complaisance des faibles". Mais moi, j'ai beau faire, j'ai peur en permanence.
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J’étais prête à saisir la main de mon sauveur quand le destin m’a finalement mise en sa présence. M. Molin était un homme d’une bonté infinie, qui trouvait de la beauté partout et que la vie émerveillait. Il était l’exact contraire de mon père, et la preuve que mon père avait tort : les humains sont extraordinaires.
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Dostoïevski me montre que la vie est même plus terrible que ce qu’en disent mes parents, pleine de violences, d’humiliations, de vengeances, de trahisons… Mais combien elle vaut la peine d’être vécue ! Loin de la redouter, de la suspecter, de dresser un mur contre elle, ses personnages la chérissent, ils plongent dedans, et si nécessaire ils s’y noient. Ils semblent me dire : « Tout mérite d’être vécu. Cesse d’avoir peur.»
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Mon père tient le Ricard pour un remède souverain contre les infections, notamment celles du palais. De temps en temps, il me fait avaler du Ricard pur. Rien que l’odeur me fait l’effet d’une fusée qui va exploser dans mon cerveau. À la première gorgée, mes gencives me brûlent, puis le feu descend dans ma gorge et va embraser mon estomac.
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Dans la vie, il y a deux sortes de vrilles. Celle qui se met au travail pour forer le sol là où elle se trouve, sans perdre de temps, qui poursuit sa tâche même si elle tombe sur des cailloux ou des briques, et qui s’enfonce dans la terre millimètre par millimètre. Et celle qui veut percer au plus vite et qui pour cela décide de chercher d’abord le « bon » sol.
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Dans l'emprise, il y a d'abord un prédateur, un ogre, pour qui seul compte son propre monde mental, ses croyances, ses besoins, ses désirs. Les autres ne sont que des instruments ou des obstacles. Le piège de l'emprise est créé quand un prédateur rencontre une victime. Il lui fait croire que leur rencontre est l'amour avec un grand A. Il prend peu à peu possession d'elle tout en la traitant comme un objet méprisable qui n'a de valeur qu'à travers lui. Le piège se referme quand la victime commence à adhérer à cette image dégradée d'elle-même. La voie est libre alors pour sa destruction, qu'il va mener systématiquement et sur tous les plans : physique, intellectuel, relationnel, social.
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Depuis que je suis sortie dehors, c'est comme si j'avais goûté à une drogue, je crève d'envie de sortir de nouveau.
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Pendant ma sortie pour l'épreuve de français, j'ai senti à quel point j'étais déphasée par rapport au monde réel. Je meurs d'angoisse à l'idée que ce décalage soit irrattrapable, que je ne puisse jamais accéder qu'à un semblant de vie, que je reste au bord de l'existence.
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