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Citation de laulautte


Une avance trop aisée est presque aussi épuisante, pour une troupe, qu’une retraite. Faute de trouver devant soi une résistance qui permît de s’arrêter, fût-ce une journée, et de reprendre haleine, l’armée de France marchait, marchait, sans relâche, depuis plus de trois semaines, depuis vingt-cinq jours exactement. Le grand ost, bannières, armures, goujats, archers, chariots, forges, cuisines, et puis les marchands et les bordeliers à la suite, s’étirait que plus d’une lieue. Les chevaux blessaient au garrot, et il ne se passait pas de quart d’heure que l’un ne se déferrât. Beaucoup de chevaliers avaient dû renoncer à porter leurs cuirasses, qui, la chaleur aidant, leur provoquaient plaies et furoncles aux jointures. La piétaille traînait ses lourds souliers cloutés. En plus, les belles prunes noires d’Agen, qui semblaient mûres sur les arbres, avaient purgé avec violence les soldats assoiffés et chapardeurs ; on en voyait qui quittaient la colonne à tout instant pour aller baisser leurs chausses le long du chemin.
[La Louve de France]
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