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Citation de enkidu_


Les termes sont nets : « Création d’un mysticisme d’un nouveau genre. » Breton, résumant plus tard l’activité surréaliste, en verra l’ambition fondamentale dans la « création d’un mythe collectif ».
(…)
Un hosannah en l’honneur de l’Orient et de ses valeurs fait pourtant le contenu presque entier du numéro 3 de la Révolution surréaliste. Un éditorial intitulé : « A table », non signé, mais qu’il faut attribuer à Antonin Artaud, marque bien que la logique doit encore faire les frais de ce nouvel amour. Et dans une « lettre aux Recteurs des universités européennes » on semble s’en prendre aux racines du mal, à la funeste éducation occidentale toute juste capable de fabriquer des « sépulcres blanchis » : faux ingénieurs, faux savants, faux philosophes, aveugles aux vrais mystères de la vie, du corps et de l’esprit, parce que momifiés dans les bandelettes de la logique. Le remède se trouve dans l’Asie, « citadelle de tous les espoirs » (Robert Desnos) pour laquelle un amour s’exprime en déclarations enflammées :

« Nous sommes tes très fidèles serviteurs ô grand Lama, donne-tous, adresse-nous tes lumières, dans un langage que nos esprits contaminés d’Européens puissent comprendre et au besoin change notre esprit, fais-nous un esprit tourné vers ces cimes parfaites où l’esprit de l’Homme ne souffre plus…

« L’Europe logique écrase l’esprit sans fin entre les marteaux de deux termes, elle ouvre et referme l’esprit. Mais maintenant l’étranglement est à son comble, et il y a trop longtemps que nous pâtissons sous le harnais. L’Esprit est plus grand que l’esprit, les métamorphoses de la vie sont multiples. Comme vous, nous repoussons le progrès : venez, jetez bas nos maisons… »

Robert Desnos appelle au secours les barbares asiatiques capables de marcher sur les traces des « archanges d’Attila ». Et les morts eux-mêmes, ceux qui ont cru à la toute-sagesse de l’Asie, comme Th. Lessing, sont enrôlés pour cette croisade.

On voit pourquoi cette Asie idéale devait plaire aux surréalistes. Les sages de l’Orient n’avaient-ils pas déjà répondu aux questions que les surréalistes se posaient ? Au prix d’une destruction radicale ou d’un oubli parfait – mais peut-on oublier ce qu’on n’a jamais connu ? – de la logique, de la connaissance mécaniste, des compartimentages de la science, tout ce qui finalement donna la suprématie à l’Occident, ces hommes semblaient vivre dans une communion perpétuelle avec l’essence des choses, avec l’esprit du grand Tout, sinon dans un parfait bonheur – idéal vulgaire – du moins dans une liberté totale. (pp. 73-75)
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