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Citation de enkidu_


Pour comprendre ce que signifie l’intellect agent, il faut évoquer brièvement quelques notions de cosmologie médiévale telle que nous la rencontrons dans certains écrits d’al-Farabi et d’Avicenne par exemple. Pour faire admettre que l’un dérive de l’Un et que la chaîne ontologique au sommet de laquelle se trouve Dieu se dégrade au fur et à mesure que l’on se rapproche du monde de la multiplicité, celui de la génération et de la corruption, on a imaginé dix intellects gouvernant chacun, dans un ordre descendant, une sphère qui lui est propre.

Comme on le notait plus haut, l’intellect en charge de notre bas monde est nommé intellect agent. Son nom implique qu’il est l’agent de notre monde. En outre, il fait passer notre intellect hylique de la puissance à l’acte et effuse ici-bas les intelligibles. Sans son aide, aucun acte d’intellection n’est possible. On peut rappeler que les scolastiques latin l’appelaient le dator formarum (donateur des formes), étant entendu que les formes ne sont autres que les intelligibles.

Certains penseurs médiévaux, parmi lesquels al-Farabi et Avicenne, croyaient en une conjonction de l’intellect humain avec l’intellect agent. Puisque l’acte d’intellection ne peut se faire ici-bas sans l’entremise de l’intellect agent, comment notre intellect pourrait-il sauver son individualité et demeurer jusqu’au bout lui-même ? L’intellection suprême n’entraîne-t-elle pas une fusion de l’un dans l’autre ? Maïmonide ne semble pas avoir vraiment suivi cette voie et n’a pas parlé de conjonction véritable avec l’intellect agent, même si, comme on l’a vu dans le chapitre III, ses commentateurs averroïstes ont tenté de lui imposer leurs idées. L’intellect humain, parvenu au degré suprême de son évolution, ressemble à l’intellect divin sans se confondre avec lui. (pp. 302-303)
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