Ithaque
Quand les lumières de la nuit se reflèteront immobiles sur les eaux vertes de
Brindisi
Tu quitteras le quai et cette confuse agitation de mots de pas de rames de
grues
La joie brûlera en toi comme un fruit
Tu iras à la proue parmi les noirceurs de la nuit noire
Sans un souffle de vent ni une brise rien qu’un murmure de coquillage dans le
Silence
Mais par un soudain roulis tu devineras les brisants
Quand le bateau roulera dans une obscurité de poix
Tu seras perdue dans le sein de la nuit dans la respiration de la mer
Car c’est ici la vigile d’une seconde naissance
Le soleil au ras de la mer te réveillera dans le bleu intense
Tu monteras lentement comme les ressuscités
Tu auras retrouvé ton sceau ta sagesse initiale
Tu émergeras confirmée unifiée
Saisie et jeune comme les statues archaïques
Les gestes enroulés encore dans les plis de ta mante.
/ Traduit du portugais par Max de Carvalho
// Sophia de Mello Breyner Andresen (1919 - 2004)