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Citation de Nastasia-B


IOULIA FILIPOVNA : Mes pauvres sœurs, les femmes, comme on vit mal !
VARVARA MIKHAÏLOVNA : Oui, mal… Et nous ne savons pas comment faire pour vivre mieux. ma mère a travaillé toute sa vie… comme elle était gentille… comme elle était gaie ! Tout le monde l'aimait. C'est elle qui m'a permis de m'instruire… Comme elle était heureuse quand j'ai fini le lycée ! À ce moment-là, elle ne pouvait déjà plus marcher — elle avait ses rhumatismes… Elle est morte sereine… et elle me disait : " Ne pleure pas, Varia, ça ne fait rien ! J'ai fait mon temps… j'ai vécu, j'ai travaillé, c'est bon ! " Sa vie avait plus de sens que la mienne. Et moi, je me sens gênée de vivre… J'ai l'impression que je me suis égarée dans un pays étranger, chez des gens étrangers, et que je ne comprends pas leur vie !… Je ne la comprends pas, cette vie que nous menons, la vie des gens cultivés. Elle me paraît instable, friable, faite pour un temps de bric et de broc, comme on fait des tréteaux dans les foires… Cette vie, c'est comme de la glace sur le courant d'une rivière : elle est solide, elle brille, mais cette saleté qu'il y a dedans… ces choses honteuses… mauvaises… Quand je lis des livres honnêtes, audacieux, j'ai l'impression de voir monter le soleil chaud de la vérité… la glace fond, en dénudant la saleté qu'elle cache, et les vagues de la rivière auront tôt fait de la briser, de la fracasser, de l'emporter on ne sait où…

Acte III.
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