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Citation de fbalestas


Tu croyais peindre un gorille dans un champ de maïs, à côté d'oiseaux de proie. Tu te prenais pour un fauve, voyais déjà la lumière safranée enflammer ta toile, les mailles se tendre sous le fouet brûlant des épis.

Pauvre folle. Tes doigts n'ont pas voulu. Ton pinceau impuissant n'a rien donné. Images coincées dans la cage de tes pupilles opaques, piégées par ton esprit que tes mains en panne ont trahi. Figures avortées sur la toile. Menace de rejet. Envie de meurtre.

Il n'y a que la chance pour sauver tes créatures - le gorille droit comme un i, le couple d'oiseaux à longue queue -, la chance pour te sortir de l'impasse, faire tressaillir ta toile, la faire trembler. Tu jettes des pigments en vrac sur le fatras de ton esquisse. Tu mises tout sur le prochain coup de pinceau : rouge, faites vos jeux, numéro 12 (pinceau blaireau souple en poils d'écureuil). Tu le frottes contre ton meilleur pull, ton torse de cachemire, coules le noir bleuté dans les plis du tissu, l'enduis de fibres. Tu prépares ton lancer, la touche fruste que tu t'apprêtes à faire à l'aveugle. Tu fermes les yeux, laisses ton bras partir tout seul, ta main fesser la toile, la frapper comme une peau de tambour - spank. Excité, sur le point de desserrer tes paupières, tu te demandes ce que le sort te réserve : l'échec ou la victoire, un sauvetage miraculeux ?
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