- J'ai tué deux hommes pour toi, ma chérie. Je finirai en enfer, je le crains !
- Je t’accompagnerai en enfer. Le paradis sans toi ne m’intéresse pas.
Il y a une chose que je ne tolérerai jamais, Mystere, c’est le baiser de Judas. Dans notre petit groupe, c’est tous pour un et un pour tous. Pas de cavalier seul, pas de trahison…
Il était trop facile de jouir de sa fortune récemment acquise. Il lui fallait baigner un peu dans l’amertume de la pauvreté, afin de se rappeler que sa mission était la vengeance. La vengeance contre ces gens qui l’accueillaient à présent à bras ouverts. Ces abominables riches, qui avaient ruiné sa famille, l’avaient couverte de honte. Ces gens immoraux qui l’auraient aisément jeté à la rue lorsqu’il était enfant, pour oublier ensuite jusqu’à son existence…
Mieux vaut tuer un homme et en finir une bonne fois pour toutes, plutôt que de l’humilier, l’obligeant à chercher vengeance.
L’homme était capable de trouer des montagnes, d’élever des gratte-ciel ; pourtant, il ne pouvait empêcher un enfant de mendier dans les ruelles de Baxter Street ! Le progrès faisait du bien au compte en banque, mais pas à l’âme… ni au cœur endurci d’un individu dont la vie reposait sur un désir de vengeance.
Laissez votre jeunesse prendre le dessus, sans vous soucier de ceux qui pincent leur bec à tout bout de champ. Je vous envie, Mystere. Cependant, n’oubliez pas que les feux du scandale sont vite allumés, et presque impossibles à étouffer.
Le public a une soif insatiable de connaître des détails intimes sur les riches, voyez-vous. Et des écrivaillons comme J. Gordon Bennet se précipitent pour les fournir, ces détails, même si ce ne sont que des mensonges et des médisances.
Vous pouvez vous conduire comme un mufle avec nous, les vieilles, car c’est tout ce que nous méritons. Mais avec nos jeunes filles, vous devriez vous montrer plus courtois.
La vie y est agitée, perturbée, car nous ignorons l’issue de la guerre, néanmoins un homme prêt à retrousser ses manches trouvera largement de quoi faire vivre sa famille.
Aucun rêve humain ne paraissait irréalisable, même si certains prétendaient que l’homme avait atteint les limites raisonnables du savoir.