- Vous m'avez brisé le coeur.
- Je le réparerai plus tard.
- Elle est Anglaise, Ian. Ne l'oublie pas.
Ian lui lança un regard lourd.
- Ce qui veut dire...?
- Tu as envie d'elle.
- Bon Dieu, comment peux-tu savoir ce dont j'ai envie?
Brodick ne se laissa pas impressionner par le ton de Ian, ils étaient amis depuis si longtemps! De plus, Brodick avait les intérêts de Ian à coeur, et Ian le savait.
- Si tu n'y prêtes garde, Alex et Gowrie ne tarderont pas à s'en apercevoir.
- Bon sang, Brodick...
- J'ai envie d'elle aussi!
- Tu ne peux pas l'avoir! s'écria Ian sans réfléchir.
- Je te trouve bien possessif!
Ian resta silencieux, et Brodick soupira.
- Je croyait que tu haïssais les anglais, reprit Ian au bout d'un moment.
- C'est le cas. Mais quand je la regarde... Ses yeux... C'est une calamité!
- Oublie ça! rétorqua Ian d'une voix dure.
- J'ai un problème, commença Johanna.
- Je t'aiderai si je le peux, promit le prêtre.
Johanna fixa Gabriel droit dans les yeux pour répondre :
- J'ai deux maris.
Les histoires de Johanna n'avaient qu'un seul défaut : en général, c'étaient les belles dames qui sauvaient les preux chevaliers.
- Tu vas la protéger, hein, oncle Brodick? Parce que c'est une faible femme.
Brodick éclata de rire.
- Ça reste à prouver.
Entre femmes, nous devons nous soutenir... comme des sœurs et quand nous sommes témoins d'une injustice, nous avons le devoir d'intervenir. Unies, ensemble... si nous sommes ensemble, nous parviendrons à faire changer les gens. Oui, c'est cela : ensemble.
- Et comment faire ? Par où commencer ?
- Commençons par nous aider les unes les autres, expliqua Johanna. Plus tard, quand nous aurons des filles et des fils, nous leur apprendrons à s'aimer et à se respecter. Dieu nous a tous faits à son image, hommes ou femmes.
- Combien avez-vous de ces maudits engins?
- Cet engin s'appelle une ombrelle, répondit-elle sur un ton pincé. Il m'en reste trois.
- Donnez-les moi tout de suite!
- Que voulez-vous en faire? s'écria-t-elle en se précipitant vers sa malle.
- Je vais les jeter à la mer! Avec un peu de chance, nous éborgnerons peut-être un ou deux requins.
Pourquoi se soucier de se ridiculiser alors qu'elle allait se faire piétiner à mort ? Qu'on le prenne pour une poltronne n'aurait aucune importance vu qu'elle serait morte.
Alec et Edgar s"esclaffèrent.
-Nous n'aurons sans doute pas longtemps à attendre pour le savoir ,prédit Alec. Ma femme aura probablement déclenché une guerre contre l'Angleterre d'ici une semaine ou deux. A un moment donné j'ai même pensé qu'elle était à la solde d'Henry ,avoua-t-il.
Un grommellement irrité lui répondit. Sara sourit tout bas. Elle se sentait beaucoup mieux. Elle bâilla, se colla d'avantage contre son mari pour que les frissons disparaissent totalement....