« — Tout va bien, ai-je murmuré à Rob en écartant doucement ses cheveux de son front et en l’embrassant. Je suis là. Tout va s’arranger.
Ben tiens ! La seconde d’après, Brutus a grondé. Relevant les yeux, j’ai découvert un homme debout près de la fourgonnette, un sauvage à la figure dissimulée derrière une longue tignasse emmêlée. Bon, d’accord, je sais bien que les sauvages n’existent pas, mais c’est ce à quoi il ressemblait. De plus, il était couvert de neige, avait les bras écartés… Bref, il m’a flanqué une telle frousse que je me suis mise à hurler comme une possédée.
Brutus se serait sans doute jeté à sa gorge si le nouveau venu n’avait agité les mains en braillant :
— C’est moi, Jessica ! Le docteur Krantz !
J’ai attrapé le cabot par son collier de cuir afin de l’empêcher de tailler en pièces l’agent du FBI.
— Bon Dieu ! me suis-je emportée. Qu’est-ce qui vous prend, Krantz, de surgir sans prévenir dans le dos des gens ?
Ôtant sa capuche bordée de fourrure, il m’a contemplée derrière ses lunettes.
— Vous allez bien, Jessica ? Je me suis fait beaucoup de souci. Quand ces voyous ont débarqué avec leurs motoneiges, j’ai cru que vous étiez morte…
— Un peu de respect, mon vieux. Ces voyous sont de notre côté. Et d’abord, qu’est-ce que vous fichez ici ? Je vous avais pourtant dit de rentrer chez vous, non ? »