le jour où Ben Ali nous a dit « Je vous ai compris. » Ce jour-là, il a fait comme beaucoup d’entre nous ici : il a mis les voiles. Il a fait la harga comme on dit, sauf que lui, au lieu de prendre le premier bateau venu, il a utilisé son avion présidentiel.
Personne ne savait vraiment où j’étais, qui j’étais, ce que je faisais. Même moi, je finissais par me perdre.
C’était beaucoup d’histoires pour des vêtements, mais j’ai fait comme il me l’a demandé. Quand je suis revenu, une heure et demie plus tard, il buvait du whisky avec Walid et un autre homme, un Italien comme lui.
- Tu veux un verre de coca ?
Je n’étais pas encore dans le monde des hommes, mais je m’en approchais. Il m’a félicité et il m’a donné cent mille lires. Cent mille lires pour avoir livré un sac de vêtements ! Je n’en revenais pas.
– X se disant Saied, Mehdi, vous êtes le seul à savoir qui
vous êtes réellement !
J’ai baissé la tête. Dans quelques instants, le juge lirait mon
casier judiciaire, 14 condamnations, puis il m’enverrait
à nouveau en prison. Tout plutôt qu’être expulsé.
tous ceux qui multiplient les tentatives de suicide n’ont d’autre objectif que d’attirer l’attention, alors cet objectif doit être sacrément important : au point d’y risquer sa peau à chaque fois !
Loin des yeux, loin du cœur, personne ne se préoccupe de leur devenir
trop de différences entre la vie idéalisée et la vie réelle (qui, pour tout compliquer, se mélangent parfois), trop de stress, d’angoisses…
Loin des yeux, loin du cœur, personne ne se préoccupe de leur devenir
est devenu un homme déchiré, un clandestin à qui la France s’est toujours refusée, et dont il rêve encore, comme d’une maîtresse inaccessible.
« Fausse vie, fausse identité, mais vrai désespoir »