La chambre est dans le noir et je tends instinctivement les bras pour avancer à tâtons, comme une aveugle. Seul un rai de lumière filtre des rideaux bien tirés ; des grains de poussière dansent dans les minces rayons de soleil. L’odeur m’est familière : celle forte et douceâtre du whisky et celle du gin, une fragrance de genièvre.
Je parviens finalement à atteindre le lit immense à la tête recouverte de tissu. Une silhouette minuscule est adossée contre les oreillers – une ombre, rien de plus. Il me faut un long moment pour distinguer les traits qui se dessinent dans l’obscurité.Quand c’est le cas, la peur puis la pitié me serrent le cœur. Je recule d’un pas, pour me replonger dans l’étreinte rassurante d’un autre souvenir, un souvenir que je ne suis finalement pas parvenue à bannir de ma mémoire.
Le souvenir d’un autre temps, une autre porte, la même petite silhouette émergeant de l’obscurité d’une autre pièce.