Mélanie Gaudin

Mathilde est une vraie petite peste : elle s’invente une foule de bonnes raisons pour ne pas aller dormir. Elle sacrifie son imagination sans limites et offre à son visage des cernes profonds qui laissent ses parents désemparés.





« Si tu es un légume, tu ne pourras pas aller voir Théophile ! » lui dit maman. Oui mais s’endormir, c’est abdiquer davantage, et pendant ce temps-là, les adultes s’amusent. Pourquoi les enfants n’auraient-ils pas le droit de s’amuser avec eux ? Toutes les bonnes raisons des adultes n’en sont pas. D’ailleurs, n’est-ce pas de leur faute si les enfants sont obligés de plonger dans le monde effrayant des artefacts ? Le chant et les seins maternels sont remplacés par le mobile mécanique et l’ours synthétique. Avec ces horreurs, n’importe quel monstre se sent convié à la fête du sommeil.





C’est avec une âme d’enfant que Mélanie Gaudin et Daniel Cresseveur exacerbent les peurs nocturnes et la révolte qui sous-tend la lutte naturelle de chaque enfant contre cet impératif injustifié : la nécessité de couper quotidiennement court à la joie en allant dormir. L’histoire de leur petite fille à cernes est rythmée comme une nuit de vivante insomnie. Dans un tourbillon de couleurs et de formes, le sommeil s’imposera-t-il enfin ? Pour s’excuser de la terrible machination du repos, papa et maman sont prêts à toutes les concessions et après cette histoire drôle et tonique, les adultes seront sans aucun doute ravis de se reposer à leur tour.