LA CARICATURE DE DIEU?
Curieux titre que ce recueil de nouvelles de Meryl Pinque, qui contient 13 nouvelles et constitue le premier ouvrage de fiction de l'auteure.
C'est ce titre, d'ailleurs, qui m'a interpellée, proposé en lecture par BABELIO/MASSE CRITIQUE.
Curiosité servie pour une amatrice de nouvelles qui n'avait pas lu de textes aussi écrits depuis longtemps. Meryl Pinque soigne le style, le vocabulaire, la conjugaison, tout ce qui peut faire et faire dire qu'un texte est drôlement bien écrit, abouti. Presque trop parfois (la lecture peut devenir ardue dans certains paragraphes à l'écriture trop soutenue).
La thématique est également respectée dans cet ouvrage où l'on voyage, d'un pays à l'autre, mais à notre époque, loin de la Création et de l'origine du monde.
Enfin, la Création et l'origine du monde nous sont joliment contés dans le premier texte de ce livre qui retrace la plus grande "blague cosmique" à l'origine de la naissance de l'homme, au travers de l'œuvre du diable (il fallait bien qu'il intervienne) et de la caricature offerte à Dieu.
L'homme fut ainsi créé à l'image de Dieu, suivant une caricature signée par le diable lui-même (amusant).
Ceci explique sans doute cela. L'homme, s'éloignant de Dieu, a créé son dieu vivant (autre que le premier, qu'il a certainement oublié aussi...). L'homme élu par l'homme, l'idole, la star, la vedette, le magnat ne sont que des êtres élus par la foule, des démons et des sages créant l'enfer et parfois quelque éphémère paradis...
Et il en découle ce qu'il peut en découler... Ces "montreurs de marionnettes" manipulent et polluent l'esprit de l'homme du peuple tombé en adoration, entretiennent l'instinct de vassalité, le vice, la barbarie et tant d'autres travers.
La mise en évidence du rapport de l'un à l'autre sort l'élu de son isolement, de sa tour d'ivoire pour le renvoyer à la source de son succès et du pouvoir dont il bénéficie: l'homme lui-même.
Dieu a créé l'homme a son image, selon une caricature signée du diable. L'homme a créé l'idole à son image, dans une caricature signée par lui-même et pour laquelle l'argent, le pouvoir ou la religion sont devenus les sceptres.
Argent, pouvoir, religion apparaissent comme des démons qui ont fait de l'homme ce qu'il est devenu.
Evidemment, il s'agit de fiction. Mais ces fictions sont nourries par le réel et résonnent comme autant de réalités qui devraient sans doute nous inquiéter.
J'ai beaucoup aimé le texte d'accroche, le style, le travail de d'auteur, mais au final, ses textes me semblent un peu manichéens. C'est peut-être le propre d'une caricature, et c'est ainsi que je considérerai ce livre. Nous ne sommes tout de même pas si mauvais? Bêtes et méchants? Enfin, j'espère!
MERCI A BABELIO POUR CE MOMENT DE LECTURE.
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