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Citation de collectifpolar


Ton grand-père se pencha vers moi et me dévisagea de ces yeux d’obsidienne.

« Damiata. J’ai toujours su où vous étiez. »

Il avait une voix grave, mais sa prononciation était légèrement sifflante : une trace de son ascendance espagnole, bien que la famille Borgia – ta famille, carissimo – vive en Italie depuis des générations. Le serpent dans l’herbe. Ou celui de l’arbre.

Il m’effleura les cheveux du bout des doigts ; pas une caresse, mais le geste d’un garçon d’écurie examinant la crinière d’un cheval malade.

« Quand vous vous teigniez les cheveux, quand vous vous cachiez dans la taverne d’un Juif… » Il secoua la tête avec lassitude. « J’aurais pu venir vous chercher à n’importe quel moment. Chaque bouffée d’air prise par vous depuis cinq ans ne l’a été que parce que j’ai eu l’indulgence de vous laisser faire.

– Vous êtes le prince des indulgences, n’est-ce pas ? » répliquai-je.

Ton grand-père vendait l’absolution à l’autel de ses églises comme une catin vend ses charmes au coin d’une rue ; les seuls crimes qu’il refusait de pardonner, quel que soit le prix qu’on lui en offrait, étaient ceux perpétrés contre sa propre personne, ou au profit des Turcs.
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