Italie, an
1502. Valentino, alias Cesare Borgia, fait trembler toutes les puissances européennes, mais son règne touche peut-être à sa fin. Les condottieri complotent contre lui, tandis que Damiata, l'ex-maîtresse de son défunt frère Juan, est envoyée par le pape à Imola, afin d'enquêter sur son meurtre survenu cinq ans plus tôt.
Si vous suivez régulièrement ce blog, vous n'ignorez pas mon obsession pour la famille Borgia. Aussi souhaitais-je découvrir ce livre depuis longtemps, tout en repoussant sans cesse sa lecture, de crainte d'être déçue. Et, comme je l'appréhendais, je le suis. À certains égards, tout du moins, dont beaucoup sont subjectifs.
L'un des principaux problèmes réside dans ma connaissance des évènements historiques, qui a altéré ma perception de la dimension enquête / thriller du récit. Puisque j'étais aussi familière du contexte que du point d'orgue vers lequel on se dirigeait, j'ai pu envisager d'entrée l'affaire sous la plupart de ses angles et devancer la majeure partie des théories des protagonistes.
Des théories que j'ai trouvées souvent bancales, quand elles n'étaient pas longues et redondantes. Bancales, parce que j'avais parfois l'impression que Damiata et cie tiraient leurs hypothèses de leur chapeau (à croire qu'eux aussi avaient étudié l'Histoire avec un grand H pourtant censée être leur présent), tandis qu'à d'autres moments, ils me semblaient passer à côté d'évidences.
Les longueurs et les redondances sont pour leur part essentiellement dues à la confrontation perpétuelle des génies scientifique et philosophique de Leonardo et Machiavelli. Autant j'ai trouvé la dualité de leur vision, qui tantôt s'oppose tantôt se recoupe, d'abord intéressante, autant elle a vite commencé à tourner en rond. Plus les pages défilaient, moins je supportais de les entendre remâcher les mêmes discours (oui, Niccolò, au bout de la cinquième fois, on avait biiien compris la notion de « nécessité », je pense que ce n'était pas la peine d'y revenir en permanence…)
L'autre souci réside dans les partis pris. Je ne m'en cache pas, je manque cruellement d'objectivité quand il s'agit des Borgia, notamment Cesare, envers qui je nourris une fascination sans bornes. Malgré cela, je ne me voile pas la face, je suis consciente qu'il était loin d'être un saint.
L'ambiguïté et les doutes que
Michael Ennis entretient tout au long de l'intrigue correspondent parfaitement, je trouve, à sa personnalité, mi-ange mi-démon, et j'aurais applaudi si l'auteur les avait laissé planer jusqu'au bout. Si.
Car il ne le fait pas. Son oeuvre se conclut sur un jugement lapidaire et sans appel, réduisant à néant l'aura de celui qui deviendra, sous la plume de Machiavelli, le Prince. Tant d'interminables circonvolutions juste pour ça !
Et Cesare est loin d'être le seul personnage dont je déplore le traitement. Niccolò s'enlise dans un rôle d'amoureux transi, Leonardo m'est apparu plus fade que brillant (il met à mon sens un temps fou à démêler les indices semés par le tueur alors qu'ils sont basés sur ses propres travaux), Damiata n'est guère qu'un suspect supplémentaire pour noyer le poisson (cette expression résumant à elle seule au moins 70% du livre), et Michelotto… Je ne sais même pas pourquoi je l'évoque, vu combien il est peu présent. Ou plutôt si, justement, je pensais que cette absence du fidèle bras droit de Cesare dissimulait quelque chose, qu'il se révèlerait à l'instant opportun, mais je me fourvoyais.
C'est toujours un plaisir pour moi de retrouver l'Italie des Borgia, donc je ne regrette pas d'avoir lu ce roman. Seulement, les choix de l'écrivain ne sont pas ceux que j'attendais / j'espérais.
Si vous désirez vous plonger dans ce thriller historique, je vous recommande vivement d'être plus passionnés par la politique de l'époque que par les investigations, car elle sont vraiment lentes, et indissociables des évènements qui ont secoués la Romagne en
1502.
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