La foule des réfugiés est souvent cadrée entre deux haies, soit des talus végétaux ou des rebords de terre, soit des humains alignés sur plusieurs rangées compactes. Rien ne leur permet de s’écarter du lit de ce ruisseau. Ce qui les entraîne inexorablement, et le cameraman avec eux, c’est le cours d’une histoire tragique, c’est le torrent de la défaite. Parfois, le plan est composé de telle sorte que, vu d’en haut, le flot humain semble devoir venir se briser contre un barrage formé par des murettes qui s’entrecoupent en une forme triangulaire agressive. Mais il faudra bien continuer et c’est plus loin que le flot s’étalera dans la plaine où il sera condamné à stagner, à s’enliser. Les barrières, palissades et les barbelés déjà présent dans les camps endiguent le flux, l’enferment et finissent même par le faire disparaître aux yeux
Dans la descente, Llech a filmé plusieurs passages de ponts qui pourraient évoquer les photographies de transhumance : n’y manquent même pas les bêtes, car certains paysans ont fait suivre qui ses vaches, qui ses moutons, sans parler des nombreux chevaux et animaux de trait que l’on voit regroupés au centre de la plaine déserte sur l’une des dernières images.