Lettre de Camille à sa cousine
"Malgré les différentes aventures qui nous ont séparées, je n'oublie pas que c'est jeudi prochain Ste Marie Madeleine et je veux vous souhaiter votre fête comme si j'étais encore auprès de vous. Malheureusement ce n'est pas avec une fleur à la main que je viens vous offrir mes souhaits, c'est avec des larmes dans les yeux que j'ai versées goutte à goutte depuis que j'ai été arraché à ce cher atelier.
Vous qui connaissiez mon attachement à mon art vous devez savoir ce que j'ai dû souffrir d'être tout à coup séparée de mon cher travail vous qui me connaissiez si bien malgré mes étourderies et mes inconséquences !!
Ma pauvre Cousine !
Le chêne de Vincennes n'existe plus, je ne suis pas la seule à m'en apercevoir, aussi je voudrais pas vous attrister davantage en vous faisant le récit de l'injustice dont je suis victime !
J'ose à peine vous demander de vos nouvelles ! C'est en tremblant que je me demande moi-même si vous êtes toujours vivante si vous n'avez pas disparu dans cette horrible guerre qui dévaste ce beau pays.
Si vous voulez m'écrire un mot cela me ferait grand plaisir. Par un singulier effet de sort je me trouve actuellement en pension à Montdevergues par Montfavet (Vaucluse) dans un établissement tenu par les religieuses de Saint Charles.
Vous qui êtes une intrépide voyageuse, si par hasard vous passez un jour par ici, n'oubliez pas votre petite cousine sculpteure (celle qui perd toujours son parapluie).
Je prie le bon Dieu pour vous et pour mlles vos sœurs."
Camille
Lettre non datée qui ne parviendra jamais à sa destinataire...
Michel Deveaux
Lettre de Camille à sa cousine
"Malgré les différentes aventures qui nous ont séparées, je n'oublie pas que c'est jeudi prochain Ste Marie Madeleine et je veux vous souhaiter votre fête comme si j'étais encore auprès de vous. Malheureusement ce n'est pas avec une fleur à la main que je viens vous offrir mes souhaits, c'est avec des larmes dans les yeux que j'ai versées goutte à goutte depuis que j'ai été arraché à ce cher atelier.
Vous qui connaissiez mon attachement à mon art vous devez savoir ce que j'ai dû souffrir d'être tout à coup séparée de mon cher travail vous qui me connaissiez si bien malgré mes étourderies et mes inconséquences !!
Ma pauvre Cousine !
Le chêne de Vincennes n'existe plus, je ne suis pas la seule à m'en apercevoir, aussi je voudrais )as vous attrister davantage en vous faisant le récit de l'injustice dont je suis victime !
J'ose à peine vous demander de vos nouvelles ! C'est en tremblant que je me demande moi-même si vous êtes toujours vivante si vous n'avez pas disparu dans cette horrible guerre qui dévaste ce beau pays.
Si vous voulez m'écrire un mot cela me ferait grand plaisir. Par un singulier effet de sort je me trouve actuellement en pension à Montdevergues par Montfavet (Vaucluse) dans un établissement tenu par les religieuses de Saint Charles.
Vous qui êtes une intrépide voyageuse, si par hasard vous passez un jour par ici, n'oubliez pas votre petite cousine sculpteure (celle qui perd toujours son parapluie).
Je prie le bon Dieu pour vous et pour Mlles vos sœurs."*
Camille
lettre non datée qui ne parviendra jamais à sa destinataire
Monsieur le Directeur,
"...j'espère que cela sera pour son bien et qu'elle continuera à se plaire chez vous, dans la société des bonnes religieuses qu'elle a l'air d'aimer beaucoup….
Je désire recevoir de ses nouvelles de tems en tems, tous les 15 jours par exemple. mais au moins tous les mois. Je tiens à ce qu'elle n'envoie aucune lettre à qui que ce soit, qu'elle n'en reçoive aucune, sauf les miennes ou son frère Paul Claudel et qu'elle soit très surveillée pour qu'elle ne puisse pas faire passer des lettres en cachette…"
..je vous prie également de n'envoyer aucun bulletin médical qu'après nous avoir informé à qui ils sont adressés. Il en était ainsi à Ville-Evrard et nous sommes forcés d'agir ainsi.
Je fais parvenir aujourd'hui à M. le receveur la somme de 300 frcs pour être portée à notre compte.
Veuillez monsieur le directeur recevoir l'expression de ma haute considération
L. Claudel (sa mère) 15 FEVRIER 1915
1er mai 1920, le Dr Brunet note dans son dossier médical :
"Mlle Claudel est calme, ses idées de persécution sont moins vives. Sa santé physique est bonne. Elle désire vivement voir sa famille et se rapprocher de Paris".