Section Claude Cahun
LE CHÂTAIGNIER DÉRACINÉ
versant ouest
ce qui vers le maquis bascule
gît cet arbre sabré
par la foudre
tête en avant jeté
dans le torrent des pierres
soulevant dans sa ruine
des éclats d'incendie
ses racines
dressées vers le ciel
sculptées dans le silence
lui sont un immobile poing levé
qui renverse l'ordre d'un monde
réglé sur la balance du soleil
dessus dessous se sont perdus
dans le chaos de la rocaille
invitant le regard égaré
qu'une lumière noire aveugle
à une désobéissance radicale
née de sa première stupeur
instant de nuit profonde
coulée de lave dans les yeux
où le temps suspendu
par une seule image
doit revenir dans le regard
qui doit apprendre à recouvrer
le temps de sa propagation