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Citations de Michel Diaz (25)


La systémie c’est comme l’histoire de l’arbre qui cache la forêt. En haut d’une colline, il y a un jeune arbre qui va très mal, il perd ses feuilles, ses branches, il n’a plus de fleurs il est malade. Nous escaladons la colline pour aller le voir. Plus nous nous approchons de lui, plus nous constatons qu’il n’est pas seul et que derrière lui, il y a une forêt. Alors, pour mieux comprendre ce qui fait souffrir cet arbre, nous visiterons chaque arbre de cette forêt.
Il nous est souvent arrivé de demander à des familles que nous recevions pour la première fois, de nous dire pourquoi nous étions tous là ensemble. La plupart des familles désignait l’un des leurs, un des enfants, en disant que c’était à cause de lui si la famille était là. Alors nous reprenions en disant que nous n’allions pas dire que c’était à cause de lui que nous étions réunis, mais grâce à lui. Ainsi nous pouvions nous occuper de tous. Nous sentions alors comme une forme de soulagement au sein de la famille.
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c’est un lieu perdu dans le monde
  
  
  
  
c’est un lieu perdu dans le monde, au seuil de notre espace et de toute
pensée, en bordure de temps et d’haleine, ce lieu d’incertitude où
germe le poème


où vont se perdre ces reflets captifs des paysages qu’elle emporte, ces
images tremblées du réel dont l’encre se dilue sur un papier de soie ?
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ce qui tremble et s’échappe
  
  
  
  
ce qui tremble et s’échappe dans le regard, à la limite du réel, une
clarté qui se dissipe et disparaît au gré des images de l’eau
c’est cela qui se joue dans la tonalité de ses lumières, et s’impose, insis-
tant, comme ces odeurs douces et ces voix disparues dans les chambres
désertes

et c’est là où se prend le rêve, cet écart entre absence et présence, terri-
toire de solitude et d’intense vertige dans l’abrupt de l’instant, où règne
un tremblement de prises d’être et de pertes d’être sans fin
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ne reste que la trace du paysage
  
  
  
  
ne reste que la trace du paysage, comme un mot suit un autre pour
atteindre le silence, un écho dans la gorge, au-delà de la voix

ainsi vont ces images, la même phrase à l’infini, reprise, biffée, réécrite,
répudiation à l’infini des mots de ce poème qui s’écrit sans nous et
qui, seul, nous parle d’un monde que nous ne pouvons pas comprendre


le temps n’existerait donc pas
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Jusqu’au XIXe siècle face aux difficultés que pose l’individu dans sa famille et dans la société, surtout dans les grands centres urbains, celui-ci est écarté afin de protéger le groupe. Voir l’histoire de Camille Claudel, qui passa 30 ans dans un asile psychiatrique. Au début du XXe siècle une alternative s’offre alors pour la résolution de ces problèmes, alternative centrée sur la personne, la psychanalyse était née. Freud dira qu’il faut garder la famille en dehors de la cure. La propre fille de Freud, Anna ne sera pas d’accord avec son père par exemple elle inclura la mère d’une petite fille dans la cure et dans d’autres situations. Et pourtant, Freud fera de la systémie sans le savoir avec le petit Hans, il fera cette cure par l’intermédiaire du père de l’enfant, alors que dans la psychanalyse le travail est duel, il n’y a pas l’intervention d’une tierce personne. Le père du petit Hans connaissait bien son fils, il y était très attentif. Freud profitera de cette opportunité pour aider ce petit garçon, qu’il ne verra qu’une seule fois. [...]
Une troisième voie verra le jour en 1950 avec l’apparition de la Systémie. La systémie nous dira, tout autre chose, c’est que l’individu est indissociable de son groupe, de sa famille et qu’il faut soigner tout le monde. Cette recherche autour de la communication dans les familles, considère qu’elle est un groupe vivant un ensemble d’événements, de manifestations communes, partageant une pratique collective.
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DE TOURBE…



de tourbe
de cailloux de sable
de racines d’écorce de sève
de ronces d’arc-en-ciel de nuages

de rameaux convulsifs
de feuilles pourrissantes sous des lunes amères
et de miroitement d’étangs éblouis de clarté
de flexion d’âme d’agonie glaciaire

de lichen de vase d’eaux sales
de noces indécises et d’oiseaux de glaise
de soleil blanc d’étoiles mortes
de plaintes telluriques
et de pierres vives
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Section Alejandra Pizarnik
QU'IMPORTE


Extrait 2

comment mourir quand
on n'est pas sûr d'avoir existé ?
que l'on sait si peu de son nom ?
qu'on est que présumé ?
qu'on est de nulle part ?
d'une colline d'une plaine
du lointain de l'horizon flou
de la menthe du temps ?

il y a tous les siècles
à regarder venir
avec leur part de ciel
avec des nuits glaciales
des nuits chargées de solitude

avec des temps défigurés
des jours taillés en pointe de silex
et des rêves de déchirure
dans les rideaux qui battent aux fenêtres
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poussière du poème
extrait 2
  
  
  
  
il va, et sait qu’il est des pluies terribles, des tempêtes
de foudre et d’éclairs, des jours transis de peur entre
déluge et feu, comme des mots qui savent rendre
grâce au vol d’un oiseau dans le ciel et au miracle
inachevé du monde.
ceux-là sont ceux que l’on écrit, sans savoir s’ils
pourront percer la muraille des soumissions, sur
les soirs rutilants de l’automne, l’étoffe des premières
neiges et la poussière vierge du poème
butant souvent sur eux, doutant de leurs orages,
comme doute un nuage de grêle crevant sur le désert
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poussière du poème
extrait 1
  
  
  
  
il vient et passe, la langue lourde des gémissements
de la terre et des pierres sous les paupières, le visage
habillé du visage de l’homme, enduit d’espérance
et de mort, traînant derrière lui le chariot des refus
et de la joie souffrante dans les choses
et il parle pour ceux que conduit la folie d’étreindre
plus passionnément les mirages de l’illusoire, pour
ceux qui vivent sous la cendre et ne voient pas le jour,
ceux qui meurent sous le silence et ont navigué avec
les ténèbres, ignorant leur chute sans fond, sans
qu’aucun vent jamais se lève dans leur nuit.
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Section Alejandra Pizarnik
QU'IMPORTE


Extrait 1

qu'importe que les heures
viennent et s'en aillent
puisqu'il reste les fleurs et les arbres
qu'il y a de la pluie pour la terre
une rivière pour la source
et des moments pour le silence

une vague toujours pousse une autre
une trille de merle s'éteint
le cri d'une mouette

le temps passe dessus
sans qu'il s'arrête
sans qu'il creuse une ride
ou le sillon d'une blessure
une cicatrice de souvenir
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Section Alejandra Pizarnik


À L'ORÉE DU SILENCE

source qui cherche son chemin
regard lucide cœur égaré
creusant dans son errance
le lit d'un songe aventureux

source qui cherche son secret
au bord du soleil et des lèvres
à travers l'âpreté des déserts
et l'outre-moi du noir
immense

à l'orée du silence
et du vide  à travers
son pays d'arbres morts
dans un murmure de poussière

où la lumière prendrait corps
pareille à un éclat de rire
aveuglant le regard
et dissipant la soif

clarté
comme un éclair de nuit
qui éclaire soudain  par mégarde
ce qui nous échappait
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Section Claude Cahun


ARBRE AVEC OISEAU

l'arbre tourne
son ombre vers nous
tilleul ou acacia
quand s'affutent nos soifs

sa main levée
sépare les nuages
pour ouvrir un berceau à la pluie

lui sait
couvrir nos corps de feuilles
leur tremblante clarté de vitrail
et déposer une prière
dans les plis de notre sommeil

avec l'oiseau
merle ou mésange
perpétuant les gestes de l'amour
ils peuvent rire de la mort
qui se prend au sérieux

ce pouls inerte
qu'une lame d'agonie balaye
entre la tombée de la nuit
et l'incertain lever du jour

mais c'est sans importance
rien ne persiste dans nos voix
qu'un vent jauni cherche à trancher

que les rêveries du matin
enlacées à quelque parfum
où se retrempe la lumière
qui danse entre nos doigts
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Section Claude Cahun


LE CHÂTAIGNIER DÉRACINÉ

versant ouest
ce qui vers le maquis bascule
gît cet arbre sabré
par la foudre

tête en avant jeté
dans le torrent des pierres
soulevant dans sa ruine
des éclats d'incendie

ses racines
dressées vers le ciel
sculptées dans le silence
lui sont un immobile poing levé
qui renverse l'ordre d'un monde
réglé sur la balance du soleil

dessus dessous se sont perdus
dans le chaos de la rocaille
invitant le regard égaré
qu'une lumière noire aveugle
à une désobéissance radicale
née de sa première stupeur

instant de nuit profonde
coulée de lave dans les yeux
où le temps suspendu
par une seule image
doit revenir dans le regard

qui doit apprendre à recouvrer
le temps de sa propagation
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Section Hölderlin


ARDEUR

la rose de mélancolie
et le vent des soupirs
ont échangé leur neige

pour attiser ce peu d'éclat
devenu larme ou songe
dans les labyrinthes d'un cœur
qui veillait sur sa lampe d'ombre

moment de l'aube
si belle  écorchée vive
où se déchire le nuage illuminé
par la blessure d'une étoile

comme une rose de rosée
devenue flamme

– à la fin
une fleur inouïe et pure
s'échappe à la pointe de l'être

et tremble

à la fin
quand s'ouvre
la brûlure de l'esprit
jusqu'aux racines
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Section Walter Benjamin


FEU DE JOIE

il n'y a que l'errance
qui soit son début et sa fin
sur ce peu de terre habitable

où la mort est toujours plus vaste
les sables du désert plus proches
plus nombreux ces vents de folie
de poussière et de sel
qui défient le soleil
cette bouche d'enfer

il n'y a d'horizon
pour les yeux faméliques
dans le jour aveuglant et torride
que ces mirages secourables
au sang usé des illusions
et la vieille et vaine souffrance
de l'humaine calamité

alors aller
marcher en claudiquant
dans la conjonction suffocante
des astres et le noir de fumée

– sur le bûcher des certitudes
nous n'avons plus au cœur
qu'un sombre feu de joie
et une boussole brisée
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     En bas, monticules et dunes…


     Extrait 3

     En bas, monticules et dunes.
     Le creux des roches, orné de muscles, s’ouvre sur le vide du ciel. Engendrement furieux de lichens et de schyzopodes. Un seul geste allié à un seul mouvement : glisser ses doigts dans l’eau stagnante où se fond l’azur du silence, se pencher vers plus d’inconnu, jusqu’à toucher le fond de son regard.
     Dans les trouées pleines de bave, les cheveux des oscillaires balayent le visage.
     Des poissons font le tour du rocher gris qui s’endort, les araignées de mer s’échappent des cages enfouies dans le sable brun et secouent leurs ailes velues.

     Chuintement de la marée montante. Lenteur de l’air où l’on se défait doucement de l’inconsolable douceur d’appartenir au temps. Je me tapis en profondeur et j’écoute le souffle rond de la mer qui sourit, à la surface, aux marins disparus. Ceux-là qui, dérivant dans les courants tranquilles, n’auront jamais que cette sépulture et cet horizon de paix sans limite.
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     Au nord se brise le tranchant de la vague…


     Extrait 2

     Au nord se brise le tranchant de la vague écumeuse. Du silex à fleur d'eau, un bouillonnement d’écueils ensablés.
     Fusion du ciel et de la mer. Le vent fait son travail, soulage les creux des vagues, la pointe des roches mordues par le sel de la soif.
     Des vagues de lait se succèdent. La chair meurtrie des côtes porte les cicatrices de leur effroyable labeur. Quel en est le sens pour les flots qui continûment la harcèlent ?

     Je suis ici sans pouvoir bouger ni guérir, lourd du plomb d’un secret qui ne se révèle jamais, seulement sidéré par la clarté du jour.
     Près de moi, la mer, plus riche que tous les autres langages. À elle seule, tous les mots, toutes les chansons, toutes les larmes et tous les cris !

     La roche vivante reçoit dans son lit la vivante rumeur de l’insaisissable, et sa peau visqueuse n’est plus qu’une plaie, effilée et grinçante.

     Comment peut-elle, la mer, en son impermanence, semer autant d’écume sur les îles inertes de ma peau et gaspiller un si grand souffle pour nous soulager du malheur de ce que l’on soupçonne, et peut-être jalouse, de l’éternel ?
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     De la mer, on peut voir la coquille…


     Extrait 1

     De la mer, on peut voir la coquille ronde des vagues et, de la houle qui les porte, à fleur de râle, l’épiderme rugueux raboté par le souffle du vent.
     Du haut de la falaise on peut compter, à sa surface, les miroirs, croquis et tatouages éphémères continuellement réinventés par les rayons obliques du soleil.
     L’air est si bleu, si lent le ciel, que mouettes et goélands se fanent en plein vol, au sommet de l’instant qu’on a cru arrêter.
     Appas de jour, doigts de lumière, lèvres d’écume, plaques d’azur étalé sur une poitrine qui, à coups lents, respire comme quelqu’un se tient aux portes du sommeil.

     Dans cet entre-deux de conscience, on saisit le corps mal¬léable d’un temps qui s’abandonne, on laisse son baiser s’imprimer sur nos lèvres, sans rien atteindre de sa vérité ni de son intime substance.
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CE QUI GOUVERNE LE SILENCE


Extrait 2

     On avance, de mot en mot, à travers les pages du livre, celui-là qui s’écrit à mesure, comme on erre parmi les tombes.
     Stèles gravées de mots inertes. Pierres de lune sèches que l’on arrose, en vain, de son crachat et de l’aigre sueur de son front.
     La pierre est phrase encore, à l’angle où s’écorchent les doigts. Où l’on peut adosser sa fatigue. Hommage à qui nous prête encore son épaule ! Mais combien de pierres mal transcrites la mort emportera dans son giron de femme enceinte ?
     Que nous restera-t-il alors à déchiffrer quand, du plain-chant du monde, il ne demeurera qu’un silence de neige et pas de place pour un mot de plus ?
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CE QUI GOUVERNE LE SILENCE


Extrait 1

     Le mot est, dans l’eau ronde du puits, ce jus noir de voyelles que vient froisser, comme un caillou, la chute des consonnes.
     Au seuil du souffle, à l’orée de tout bruit, quelque chose soudain se déplace, furtif, que l’on ignorait être là, ou qu’on croyait perdu.
     Et la parole devient geste, s’étire dans l’effort hélicoïdal de s’arracher à sa matrice, s’anime, marche, épouse l’or du jour, s’aventure au-devant de la nuit qu’elle brave, au-delà de ses ombres.
     C’est l’heure d’engranger le bois, les moissons récoltées avant la venue de l’hiver.
     Avant que la parole se dégrade, crispée dans son manteau de givre, ou se recroqueville dans le paysage, arbuste mal nourri de sécheresse, olivier mal inscrit dans le ciel, que le soleil colère parce qu’il a su étirer devant lui quelques rameaux qui saignent et peinent horriblement.
     Il nous faudrait combler tant de distance encore !
     On s’avance alors, tâtonnant, dans un champ de paroles, tout l’alphabet autour du cou, pesante et inutile cartouchière, comme dans un champ de bataille après la défaite.
     À la lumière des étoiles, on reconnaît ses morts.
     Et on se sent mourir aussi, à chaque mot que l’on arrache.
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