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Citation de Erveine


Entre le feu de l’enfer et le ciel, sur le toit des hectares de l’usine, ils expient on ne sait quel péché. Si, dans l’Antiquité grecque, la fumée des sacrifices était destinée à réjouir les divinités, ici, elle est le prix payé par les hommes aux dieux de la production. La fumée est coïncidence avec la crémation, l’incinération. Subjugué par la scène, j’eus l’impression que les épaisses volutes noires grimpant dans la densité de la nuit se nourrissaient de l’âme des ouvriers, qu’elles exigeaient leur sang, leur sueur, leurs nerfs et toute l’énergie dont ils sont capables. La bête se repaît de tout l’homme : sa chair et ses muscles, sa capacité à rêver, à imaginer. Plus rien n’existe ici et la production veut les corps de ces hommes qu’on asphyxie jour après jour. Cet encens destiné aux dieux de l’industrie est ignoble. En même temps, il est la preuve qu’on sait encore aujourd'hui, asservir les ouvriers comme aux époques les plus glorieuses de l’esclavage.
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