Dans le meilleur des cas, la poésie est une figuration consolante de la mort, une image où la distance entre le regard et l’objet réalise le miracle du retournement : j’écris, j’écoute la chanson de la terreur, l’épigramme du souvenir ou le poème de l’amour tâtonnant (les yeux bandés, les membres écorchés), et du rien de ces mots s’élève comme une joie, une étoile versant jusqu’à nous l’éclat débile, mais vivifiant, de sa propre mort.
« ...ce qu'est la coupole d'Abraham, nous ne l'avons pas trouvé, mais nous savons que le bienheureux Abraham, riche et voulant s'éloigner de la convoitise des Cananéens, préféra habiter dans des lieux écartés et largement ouverts du désert ; et, comme il convient aux habitants des tentes, il construisit ce lieu pour adorer Dieu et lui offrir ses sacrifices, si bien que, quel qu'il ait été, celui qui existe aujourd'hui tient de lui son nom : la mémoire du lieu a, en effet, été conservée en même temps que celle de la descendance. Car les Arabes ne font rien de neuf, lorsqu'ils adorent Dieu à cet endroit, que de continuer l'antique usage, comme il convient à des gens qui honorent l'ancêtre de leur race. Hasor, que l’Écriture appelle la tète des royaumes, appartient aux Arabes : on l'appelle Médine, du nom de Midyan, le quatrième fils d'Abraham, celui qu'il avait eu de Cetura ; on l'appelle aussi Yathrib. » Suit une description presque paradisiaque de l'Arabie et de ses jardins... En fin de chronique, la liste des princes musulmans s'ouvre par Mohamet, « envoyé de Dieu »."
Claude Cahen, "Note sur l'accueil des chrétiens d'Orient à l'Islam" in Revue de l'histoire des religion, numéro 166-1, p. 52-53 (pp. 65-66)