AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Daniele_


La Bible n’est pas un texte où abondent les notations colorées, tant s’en faut. Des livres entiers n’usent d’aucun terme de couleur (le Deutéronome par exemple) ; d’autres limitent leur emploi au seul domaine textile ; partout la lumière (clair, sombre, brillant, éclatant, obscur) et la matière (or, argent, ivoire, ébène, pierres précieuses, lin, pourpre, kermès) prennent le pas sur la couleur proprement dite. Au reste, en hébreu biblique, aucun terme générique ne désigne cette dernière, et en araméen le mot « tseva’ » renvoie davantage à la teinture qu’à la couleur. …
La traduction grecque des Septante, commencée à Alexandrie vers 270 avant notre ère, n’est guère plus colorée que la Bible hébraïque. Avec le latin, en revanche, il en va autrement. Les premiers traducteurs ont tendance à introduire un certain nombre d’adjectifs chromatiques là où il n’y en avait pas, ni dans le texte hébreu ni dans le texte grec. Saint Jérôme lui-même, qui leur fait suite au tournant des IVè-Vème siècles, en ajoute quelques autres lorsqu’il révise le texte latin du Nouveau Testament puis retraduit directement l’Ancien sur l’hébreu et le grec. Mouvant, le texte biblique tend ainsi à se colorer au fil des siècles et des traductions, d’autant qu’à l’époque moderne, les langues vernaculaires accentuent le phénomène. Des adjectifs qui en hébreu ou en grec signifiaient simplement « pur », « propre », « éclatant » sont traduits en latin par "candidus" puis en français par « blanc comme neige ». De même, là où l’hébreu disait « une étoffe magnifique », le latin traduit "pannus purpureus" et le français moderne « un tissu écarlate » ou « une couverture cramoisie »

Page 62
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}