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Critiques de Michel Paty (3)
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Einstein philosophe : La physique comme pra..

Paty se propose de différencier dans le travail d'Einstein ce qui ressortit à la philosophie et ce qui relève de la physique. Il s'appuie pour cela sur une somme impressionnante de documents avec lesquels il retrace la rationalité avec laquelle Einstein a pu développer la théorie de la relativité. de cette rationalité, il déduit une conception particulière qui mêlerait la réalité physique et la théorie (construction physique), ce qui serait pour Einstein, le "problème épistémologique fondamental". En retraçant ce parcourt, on est amené à revoir la genèse de la théorie de la relativité, ses principaux concepts et la manière dont pense, invente et théorise un éminent physicien.



Pour ce qui est de la rationalité, Paty met en évidence des trois articles de 1904 et de 1905 rédigés par Lorentz, Poincaré et Einstein et qui, selon lui, nécessiteraient pour les valider empiriquement les mêmes modes opératoires d'expérience. C'est une manière de dire que les trois physiciens découvrent en même temps le principe de la relativité. Lorentz dégrossit le problème, mais reste abscons, Poincaré trouve le nom de "principe de relativité", écrit les équations que reprendra Minkowski pour son espace-temps, postule que la vitesse de la lumière ne dépend pas du déplacement de sa source et simplifie les équations, mais s'arrête là. En particulier, il ne déduit par le paradoxe d'une vitesse de la lumière constante dans tous les référentiels d'inertie, ce qui contredit la physique de Newton.



Einstein ne dit pas beaucoup plus : il supprime l'éther, soulève le problème des systèmes d'inerte et surtout, il est beaucoup plus clair dans ses développements.

Au lieu, comme Lorentz et Poincaré qui reprennent la difficulté de mettre en évidence le mouvement de la Terre dans l'éther (cet espace sans matière où tout se meut) et progressent à petits pas, Einstein part d'un point tout différent, qui le bloque depuis 7 ans : l'asymétrie des équations de Maxwell. Selon que l'on se place du côté de l'aimant ou de celui du circuit, les équations diffèrent et Einstein trouve cela laid. Il postule alors que les lois doivent être les mêmes. Avec cet axiome, auquel il ajoute celui, en fait inutile parce que déductible, de la constance de la vitesse de la lumière, il propose le principe qu'il découvre. de fait, l'éther n'est pas un problème pour lui, il conclut que c'est seulement inutile, on n'en a pas besoin. Si l'article d'Einstein surpasse les deux autres, c'est qu'il pose en postulats ce qui constitue la conclusion chez les autres. Les principes sont posés et l'on en déduit d'autres axiomes : c'est un départ, une nouvelle manière de penser et non un aboutissement.



A partir de là, Paty reprend toute la genèse des réflexions d'Einstein et démontre que la brièveté de l'article de 1905 est une synthèse de tout son parcours. Cette partie est passionnante parce que très détaillée sur la genèse de la théorie de la relativité, avec tous ses intervenants, en commençant de très loin avec Fresnel. Ce qui ressort, c'est la part de l'intuition chez Einstein : une image à 16 ans, celle qu'avancer à la vitesse de la lumière, c'est voir un champ électromagnétique au repos et que l'expérience d'un terrien dans un champ de gravitation ne devait pas être différente. de là lui vient l'idée de développer le principe de relativité (qui ne s'appelait pas encore ainsi).



Ce qui m'a paru intéressant sont les réflexions de l'époqdue sur la nature de l'espace-temps et de la géométrie.

Poincaré, Mach et Einstein donne à la géométrie une origine par les sens. Ils refusent la notion d'intuition pure ou de jugement synthétique a priori de Kant.

Ensuite Paty déduit de tout cela une conception particulière d'Einstein de la géométrie. Là où le conventionnalisme de Poincaré lui fait concevoir la géométrie d'une part (suite d'axiomes déduits les uns des autres, modèle théorique) et la réalité physique d'autre part (approximative, mais vérifiable empiriquement), Einstein dit concevoir une géométrie pratique, à mi-chemin entre les deux : il y insère des grandeurs physiques à l'occasion, ce qui rend la géométrie "vérifiable empiriquement" ce que, par principe, elle ne peut être. ce serait la source de la relativité générale.



Paty veut absolument scinder nettement Poincaré et Einstein, mais ce n'est que modérément convaincant. On a plutôt l'impression d'une compétition, d'une similarité de pensée qui ne veut pas se reconnaître - en tous les cas, les modes de pensée sont très proches.



Ensuite il était intéressant de creuser la notion d'intuition chez Einstein qui fait des témoignages d'"invention" assez similaires à Poincaré (surgissement d'une vérité au cours d'une période de repos elle-même consécutive à une période de recherche intense). les conceptions du langage d'Einstein sont intéressantes et Paty les rapproche de celles de Jakobson.



Au final, la singularité d'Einstein serait cette conception de la construction physique à partir de données réelles, mais incapables à elles seules de produire quoi que ce soit (contre les empiristes). C'est l'intuition qui fait naître les principes de la théorie, laquelle se vérifie ensuite par déduction et analyse. La notion d'"intuition" reste cependant toujours un peu opaque. Ensuite, il attacherait une grande importance à la "complétude" comme tension vers l'unicité de la théorie à décrire le réel, tout le réel - recherche de tous les physiciens mais dans une visée holistique plus marquée. La théorie de la relativité générale serait une tentative d'une telle réalisation qui rapproche des conceptions de Duhem.



Au final un ouvrage très dense, un peu disparate peut-être du fait de l'étendue de la recherche et de la complexité du sujet, mais terriblement stimulant et clairement présenté.
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Le Monde quantique

Ou l'on voit que l'obscurantisme scientifique est une machine pleine d'imagination, d'imaginaire. Les théories devancent l'expérience, grand tournant de la science.

A lire pour toucher du doigt l'immensité scientifique.
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Le Monde quantique

Livre gardé en mémoire, À lire un jour, car cité dans "la vraie vie" d'Adeline Dieudonné.
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