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Citation de emdicanna


(Après la signature de la paix entre le général en chef des Chouans, le comte d'Autichamp, "et le nouveau maître de la France, un certain Buonaparté") :

Maintenant que les grands incendies s'éteignaient, dans chaque village les hommes veillaient à ne pas perdre les parcelles du feu. Un village sans feu signifiait un village mort. On ne recensait pas les individus, mais les feux. Le feu était à la maison ce que l'âme était au corps. (...)
Il leur fallut réinventer le feu, en faisant jaillir des étincelles avec des pierres dures. Et depuis, ce feu, ils le cultivaient, le dorlotaient. Ils se le passaient comme le Saint-Sacrement. Les braises étaient conservées sous la cendre, communiquées, emportées dans le creux de la main des hommes qui les passaient vivement d'une paume à l'autre pour ne pas se brûler. Il se faisait de perpétuels échanges, de maison en maison. Les femmes qui ne pouvaient entretenir un feu toute la journée venaient quémander chez leur voisine une pelletée de braise ou bien en remplissaient l'écuelle de leur chauffe-pieds. L'hiver, on voyait partir de bon matin les bergères vêtues de leur cape de droguet, quenouille au côté, tenant d'une main un bâton, de l'autre la chaufferette en verre où les braises jetaient de petites lueurs rouges.
Une pièce sans cheminée s'appelait une chambre aveugle. Et dans les rares maisons qui disposaient de plusieurs pièces, une seule, la salle commune, ouvrait ses deux yeux, c'est-à dire la chaleur et la lumière qui se perpétuaient dans la cheminée devant laquelle la maisonnée s'entassait pour la veillée.
Avant la guerre, chaque foyer possédait un buffou, longue tige creuse en fer forgé terminée par une petite fourche servant de tisonnier. Le buffou servait de soufflet. On s'agenouillait devant l'âtre et on buffait le feu en soufflant dans la tige de fer. Depuis la fin des combats, des canons de vieux fusils servaient de buffou ou, à défaut, des tiges de sureau.
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