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3.96/5 (sur 828 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Marseille , le 24/06/1924
Mort(e) à : Suresnes , le 14/02/2020
Biographie :

Michel Ragon est un écrivain, critique d'art, critique littéraire et historien de l'architecture français.

Ancien travailleur manuel, il acquiert une érudition telle qu'il est amené à soutenir une thèse de doctorat d'Etat à la Sorbonne et devient docteur ès lettres à l'âge de cinquante ans.

Michel Ragon est l'auteur d'une oeuvre abondante à double facette : d'une part une oeuvre de romancier, de sociologue et d'historien qui commence en 1953, avec son premier roman Drôles de métiers, et d'autre part, étant devenu très vite, parallèlement à sa carrière purement littéraire, critique et historien de l'art, une oeuvre monumentale sur l'architecture et l'urbanisme modernes. Il joue un rôle important d'animateur (conférences, expositions, Maisons de culture etc), d'informateur, d'enseignant, entouré des artistes, architectes et urbanistes les plus importants de son époque.
Historien de la littérature prolétarienne et de l'anarchisme autodidacte libertaire ( wikipédia )

Président - cofondateur du GIAP, Groupe d'Architecture Prospective (1965), président du Syndicat des Critiques d'art français (1966-69), Vice-président de l'association internationale des critiques d'art (1969-71 et 1975-78), professeur à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (1972-85), il a co-fondé avec Paul Maymont, l'UP7 qui dispense un enseignement novateur de l'architecture dans le cadre de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Il est membre honoraire de l'Académie des Beaux-arts du Danemark. Lauréat de l'Académie française, Grande médaille d'argent et de vermeil de l'Académie d'architecture. Il est officier de l'Ordre national du Mérite.

Son oeuvre compte plus de 18 romans, 8 ouvrages d'histoire sociale, 14 ouvrages de critique et d'histoire de l'art, 9 monographies, 2 recueils de poésies et 16 livres sur l'architecture et l'urbanisme parmi lesquels la fabuleuse et monumentale Histoire mondiale de l'architecture et de l'urbanisme modernes (1971-78) .
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Source : http://www.olats.org
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- "Histoire de l'architecture et de l'urbanisme modernes. Volume 1, 2 et 3", Michel Ragon, Points https://www.librest.com/livres/histoire-de-l-architecture-et-de-l-urbanisme-modernes--volume-1-ideologies-et-pionniers--1800-1910-michel-ragon_0-2712854_9782757814796.html?ctx=6131117a2919d5d1ed4c78e297996c36 - "La mémoire des vaincus", Michel Ragon, le livre de poche https://www.librest.com/livres/la-memoire-des-vaincus-michel-ragon_0-841261_9782253059509.html?ctx=c861d676e5f970f74a9de2ea7154ff7d - "Les visionnaires - DVD", Julien Donada, Petit à Petit production

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Citations et extraits (205) Voir plus Ajouter une citation
— A quoi ça sert, tous ces bouquins ? demanda Flora d'un air dégoûté.
— Regardez les enfants, dit Valet. A droite, vous avez les romans et la poésie. A gauche, le social, la politique. D'un côté le rêve, de l'autre côté l'action, Quand vous posséderez les deux, vous pourrez conquérir le monde.
— Allons Valet, ne t'emballe pas, dit le libraire, Les choses sont plus complexes, Les romans, c'est aussi de l'action sociale et la politique, c'est aussi du rêve. Quant à conquérir le monde, qu'en ferais-tu ? C'est la conquête de soi-même, qui importe.

Page 38, Livre de poche.
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« On supprimera l’ Âme
Au nom de la Raison
Puis on supprimera la raison.

On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.

On supprimera l’Esprit
Au nom de la Matière
Puis on supprimera la matière.

Au nom de rien on supprimera l’Homme ;
On supprimera le nom de l’ Homme ;
Il n’ aura plus de nom.

Nous y sommes. «

Armand ROBIN
Les Poèmes indésirables, 1945
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La réunionnite est un des maux de la révolution.

On y parle tant de la révolution qu'on l'oublie.
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On n'utilisait jamais de sucre dans le quotidien mais un peu de miel du rucher familial. Le sucre des villes valait au kilogramme le prix du beurre, soit l'équivalent d'une journée de travail.

page 281
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On faisait antichambre dans le bureau de Poulaille. Morand, Montherlant, Maurois, Mauriac (les célèbres quatreM) avaient beaucoup de mal à accéder au service de presse de leur éditeur, Poulaille ne leur cachant pas qu'il tenait leurs livres pour absolument inintéressants.
Par contre, Rirette Maîtrejean, compagne de Victor Serge à l'époque de la bande à Bonnot, était une familière des lieux, tout comme Léon Werth, Edouard Dolléans, biographe de Proudhon, et toute une cohorte de militants anarchistes et d'écrivains ouvriers...
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Jamais un écrivain ouvrier n'a cherché à décrire la médiocrité.
La littérature ouvrière n'a jamais eu pour but de glorifier la platitude. Son but est même tout autre. Elle tend démontrer que le peuple a aussi son élite, que les métiers ont eux aussi leur beauté, que l'âme populaire n'est pas sans noblesse, qu'elle a ses espoirs et ses haines, une volonté collective, et qu'elle tend à devenir.
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Année 1818

La surprise fut générale lorsqu'à la messe du dimanche, la femme et la fille du maire-meunier apparurent avec, sur la tête, une espèce d'énorme papillon blanc. Elle éclipsa du même coup la cérémonie religieuse. Pour la première fois, la paroisse voyait de ces coiffes blanches qui, d'abord portées par la bourgeoisie rurale, comme un signe de différenciation, allaient en un demi-siècle envahir les campagnes et rivaliser de formes les plus cocasses, la Vendée comptant à elle seule vingt-cinq coiffes différentes.
Depuis cent ans, le port du bonnet de toile blanche, enserrant les cheveux, restait immuable. La coiffe empesée, ornée de tulle brodé, de dentelles et de rubans, ne sera à la mode que pendant un siècle mais elle marquera à tel point le costume paysan qu'on la croira vêtement traditionnel millénaire.

Ndl : Je dirais plus d'un siècle, nous sommes en 1818 et dans les années 1960/70, je voyais encore des femmes en coiffe qui entretenaient, munie d'une longue perche, les murs des bourrines ou des chaumières vendéennes à la chaux.
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Je vais te raconter une histoire, dit Igor. Une histoire que j'ai vécue. Une histoire que les historiens de la Révolution ne retiendront pas car elle leur paraîtra immorale, absurde, anti-historique, quoi ! Juste après Octobre, dans les jours qui suivirent immédiatement, la Révolution faillit périr. Oui, elle a failli périr, noyée dans l'alcool. [...]
Il est bien normal que les insurgés fêtent leur victoire, qu'ils se détendent les nerfs en buvant un bon coup. Seulement, tout le reste de la population suivit. Il y a toujours plus de badauds que de combattants, dans une révolution, mais lorsqu'il s'agit de triompher, tout le monde veut en être. Une orgie sauvage déferla sur Petrograd. [...]
Kerenski chassé, les derniers débris du tsarisme enfuis, toute la pauvreté de la ville se révéla. Tous les pauvres, tous les infirmes, tous les vagabonds, comme des cloportes, déboulèrent des ruines, se ruèrent vers les caves du palais d'Hiver, en tirèrent les bouteilles, se saoulèrent à mort sur place. Les soldats que Trotski envoya pour les déloger, leur arrachèrent les bouteilles des mains, mais au lieu de les détruire, ils crurent plus simple de se les vider dans le gosier. Ce fut le commencement de l'enivrement général qui gagna toute l'armée. Le régiment Préobrajenski, le plus discipliné, dépêché pour rétablir l'ordre, ne résista pas à la contagion. Les caves du palais d'Hiver accumulaient tant de vins et de spiritueux que les soldats n'arrivaient pas à l'éponger. Le régiment Pavloski, rempart révolutionnaire entre tous, vint à la rescousse et tomba lui aussi le nez dans le ruisseau. Que dis-je, le ruisseau ! De rivière, l'alcool devenait fleuve. Les gardes rouges eux-mêmes glissaient dans l'orgie. On lança les brigades blindées pour disperser la foule. Elles entrèrent dans le tas, cassèrent quelques jéroboams et, finalement, les blindés se mirent à zigzaguer et à défoncer les murs des celliers et des cafés aux volets clos. J'assistais, atterré, à cet effondrement de la Révolution. Si Kerenski avait alors osé revenir, si les généraux blancs avaient su dans quel état se trouvaient les insurgés dans les semaines qui suivirent la prise du palais d'Hiver, la Révolution était balayée en un tour de main. Mais eux aussi, peut-être, sans doutes, noyaient dans la vodka leur défaite. Nous étions seulement quelques camarades obstinément à jeun qui essayions de colmater les brèches. On clouait des barricades devant les bistrots et les caves. Les soldats escaladaient les maisons par les fenêtres. Markine, ancien matelot de la Baltique, entreprit de détruire à lui seul, sans boire une seule gorgée d'alcool, tous les dépôts du palais d'Hiver. Chaussé de hautes bottes, il s'enfonçait dans un flot de vin, jusqu'aux genoux. Des tonneaux qu'il éventrait, le vin giclait en ruisseaux qui s'écoulaient hors du palais, imprégnant la neige, vers la Neva. Les ivrognes se précipitaient vers ces traînées rouges, lampaient à même dans les rigoles. Non seulement la garnison de Petrograd, qui joua un rôle si déterminant dans les révolutions de février et d'octobre, se désintégra et disparut dans cette beuverie énorme, mais la contagion éthylique gagna ensuite la province. Des trains qui transportaient du vin et des liqueurs étaient pris d'assaut par les soldats. La vieille armée russe ne s'effondra pas sous la ruée des Autrichiens et des Prussiens, elle se délita dans les vapeurs d'alcool. Si Trotski s'acharna à vouloir signer la paix à Brest-Litovsk, c'est qu'il savait que l'armée russe n'existait plus. L'armée russe était saoule. L'armée russe s'était noyée dans une orgie inimaginable. Trotski a bluffé à Brest-Litovsk en proposant aux Allemands de démobiliser les troupes russes. Elles s'étaient démobilisées elles-mêmes.
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Nous n'avons rien à faire avec ces gens-là. Ni avec avec les bleus, ni avec les blancs. Ni avec la droite, ni avec la gauche. Nous sommes en dehors du "système". Contre les "systèmes".
Ne nous laissons pas prendre au piège de la sentimentalité politique. Ne faisons le jeu de personne. Poursuivons notre chemin en ne perdant pas de vue que, sur notre boussole, l'aiguille marque toujours le refus.


Extrait d'une lettre de Michel Ragon adressée à Louis Lecoin.
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- Village vendéen en 1796 après le passage des "Colonnes Infernales"

Maintenant que les grands incendies s'éteignaient, dans chaque village, les hommes veillaient à ne pas perdre les parcelles du feu. Un village sans feu signifiait un village mort. On ne recensait pas les individus mais les feux. Le feu était à la maison ce que l'âme était au corps. Longtemps resteront chevillés dans le souvenir de Dochâgne et de ses compagnons l'époque maudite où, dans la forêt, ils durent survivre sans feu, dans leurs bauges, et l'effroi à leur retour dans des villages aux cheminées muettes.
Il leur fallut réinventer le feu en faisant jaillir des étincelles avec des pierres dures. Et depuis, ce feu, ils le cultivaient, le dorlotaient. Ils se le passaient comme le Saint-Sacrement. Les braises étaient conservées sous la cendre, données, communiquées, emportées dans le creux de la main des hommes qui les passaient vivement d'une paume à l'autre pour ne pas se brûler. Il se faisait de perpétuels échanges, de maison à maison. Les femmes qui ne pouvaient entretenir un feu toute la journée venaient quémander chez leur voisine une pelletée de braise ou bien en replissaient l'écuelle de leur chauffe-pieds. L'hiver, on voyait partir de bon matin les bergères vêtues de leur cape de droguet, quenouille au côté, tenant d'une main un bâton, de l'autre la chaufferette en terre où les braises jetaient de petites lueurs rouges.
Une pièce sans cheminée s'appelait une chambre aveugle. Et dans les rares maisons qui disposaient de plusieurs pièces, une seule, la salle commune, ouvrait ses deux yeux, c'es-à-dire la chaleur et la lumière qui se perpétuaient dans la cheminée devant laquelle la maisonnée s'entassait pour la veillée.

Pages 47 - 48 (nous avons conservé le terme "foyer" comme par exemple "foyer fiscal")
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