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Critiques de Michel-René Bouchain (2)
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Récits furtifs

J’ai beaucoup aimé me plonger dans ces nouvelles où se mélangent fiction et réalité légendée. Où se trouve la frontière entre vérité et propos rapportés au fil du temps ? Il s’en passe des événements dans ces petits pays du Nord de la France.



Des petits pays et des petites gens dont les aventures font tout le sel de ces petites histoires comme Aldo, cet immigré italien vivant chichement dans un blockhaus et dont la mort suscita un étrange intérêt quand une superbe étrangère vint se recueillir sur sa tombe.

« Le visage d’Aldo c’était l’outrance d’un masque de comédie antique. Celui de la dérision. Un visage tellement buriné, crevassé, lavé aux pluies et aux neiges, rougi par le gel et les étés de feu qu’il semblait pétri dans l’argile grossière d’un potier malhabile. »



Il y a aussi l’histoire de Claude, délicat et richissime fermier resté célibataire et pourtant bien convoité par les demoiselles alentour...

« Les parents disparurent et Claude devint Maître Claude. Il ne changea rien à la bonne gestion que Martin avait initiée. Rien ne changea non plus dans la disposition du logement et de ses meubles. Le domaine continua à prospérer pendant de nombreuses années. Simplement on savait maintenant, sans jamais en parler publiquement, que tout cela serait, malgré tout, condamné à la mort du vieux garçon. »



Il y a encore cette étrange histoire d’un gars discutant avec un fantôme, là-haut sur un terril...

« Vous savez, vous êtes monté sur ce que l’on a appelé un jour, avec un peu de dédain, un crassier. Sachez qu’i i les milliards de particules qui le forment sont le témoignage de l’effort de l’homme. Chaque feuilletis est une souffrance et chaque poussière, un soupir ! »



Et puis bien sûr, on vous parlera aussi de l’inénarrable Marie Pourette. Marie Pourette ? Un surnom bien sûr ! Comme tous les « surnoms qui sillonnent la campagne. Ceux qui portent une lutte, une épreuve... ».

« Au début, on l’avait chuchoté (le surnom) derrière son dos, après son passage. Et puis un jour, comme d’habitude, quelqu’un de plus hardi, de plus malveillant, le lui avait lancé en travers de la face. Avec gentillesse et persévérance elle avait essayé, à chaque fois, de rappeler son nom véritable en évoquant ses parents. Elle soulignait cette remarque d’un sourire lumineux. Mais rien n’y fit... »



Mais ma préférée, celle qui m’a bien fait voyager au-delà du réel, est et restera Petite Plume. Une histoire d’amour entre un petit garçon pas comme les autres et sa grand-mère.

« Alors, Petit Pierre, Petite Plume, monta sur le rebord du lanternon, fixa le ciel limpide traversé par un héron fuselé et serein qui naviguait d’un étang à l’autre. Là, quelqu’un semblait lui parler et il restait subjugué par cet appel irrésistible.

Lentement, Pierre tendit les bras bien loin de son torse et, avec un sourire lumineux... s’envola. »



Oui, j’ai beaucoup aimé me retrouver au coin du feu et écouter sagement et patiemment les contes de monsieur Bouchain, un passionné d’Histoire et d’histoires locales qui sait si agréablement mettre en scène ces petites gens, ces héros de nos petits villages dont on découvre encore l’histoire bien des années après leur disparition et qui demeurent légendes dans le folklore local.

Michel-René Bouchain manie, sans aucun doute possible, avec brio l’art du conte et le double d’une écriture agréable. Un régal !

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Les voix mêlées

La maison est vendue. Désormais, elle est vide, dépossédée de ses objets et habitants. Et pourtant une photo d'un jeune militaire, rescapée du déménagement, attire le regard du narrateur. Et la voilà qui lui permet de remonter le temps et de partir à la rencontre de ses aïeuls, à commencer par le grand-père Fernand.



Fernand, vingt ans, et fier de porter l'uniforme, fier de s'être engagé, fier de représenter la force de la nation et ainsi de répondre au voeu muet de son propre père. C'était en 1903. C'était dans la région de Valenciennes. Région que l'on appelle pompeusement aujourd'hui les Hauts de France.



Mais la vie militaire dans la caserne, avec ses petits chefs et ses brimades, n'est pas la vie pleine de gloire qu'il croyait mener. Il se fait heureusement réformer, retourne au pays et reprend le travail de son père Martial, menuisier...







Ainsi au fil des pages, nous entrerons dans la vie de Fernand et de sa famille. Nous ferons connaissance d'Aimée, sa future femme, plus tard de leur fille Hermance, et bien plus tard encore de Pierre le petit-fils. Nous côtoierons les voisins, les amis dont Laure, femme bien courageuse...







Ainsi au fil des pages, nous apprendrons les gestes des petits métiers. Ceux du facteur Adelson, toujours au courant de tout. Ceux des jeunes recrues dans les casernes. Ceux du menuisier, travail repris par Fernand et ses frères. Ou ceux aussi des petits bistrotiers comme l'était la mère d'Aimée...







Mais aussi au fil des pages, nous rencontrerons l'Histoire. La grande Histoire. Celle des guerres et des trahisons. La mangeuse d'hommes et la dévoreuse d'illusions. Celle des luttes sociales.



Mais nous croiserons aussi les moments simples de la vie avec ses joies et ses chagrins, le temps des fiançailles et des noces assortis de leurs banquets pantagruéliques, celui des naissances et des retrouvailles, celui des fêtes et des moissons, et celui inévitable des enterrements.







Du début du XXe siècle aux années cinquante, nous entrerons dans l'intimité de ces héros simples et humbles avec lesquels pour quelques heures nous partagerons un café, la cafetière étant posée sur un coin de cuisinière toujours au chaud et toujours prête à accueillir celui qui vient frapper à la porte.







J'ai beaucoup aimé ce roman qui se déplie comme un arbre généalogique. Sans doute parce qu'il se passe là-haut, sur les terres du Nord, ma terre natale. J'en ai aimé l'écriture simple et parsemée de quelques mots patois (toujours expliqués pour les non initiés). J'ai aimé cette famille aux valeurs fortes d'entraide et de solidarité et j'ai aimé retrouver les gestes simples d'avant la modernisation, la mondialisation. Ha, nostalgie quand tu nous tiens !

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