Michel Riaudel

La question reste toujours de se défaire de ses schémas de pensée, de ses préjugés, de se mettre en condition de comprendre ce qui est différent, de « se déplacer », au sens propre comme au sens figuré, pour s’agrandir, élargir son monde et son rapport au monde.

C’est le mot : « poignant ». Guarani, Suruí, Tukano, Inuits, Navajo, et Mohawks, entre autres. Des peuples indigènes qu’on ne connaissait quasiment pas quelques pages plus tôt et dont on se sent si proches en refermant ce livre. Amérindianités et Savoirs nous présente ces peuples avec pudeur, mais de l’intérieur, comme si au lieu de lire des études sérieuses, on discutait tranquillement autour du feu. La dimension universitaire, qui apporte rigueur historique, culturelle, et linguistique à tous ces témoignages, disparaît derrière l’expérience de terrain. On est transporté, aspiré. Être femme, c’est une autre façon d’être humain. Le savoir traditionnel et le langage sont source de pouvoir. On découvre un univers où on ne nous demande pas pourquoi on reste, mais combien de temps. Et enfin, que l’université c’est la culture et le prestige, mais aussi l’acculturation et le déracinement. « C’est le choc qui rend la culture visible ».