Suivons ton conseil : nous allons laisser évoluer les choses en douceur et nous allons retrouver le calme : nous ne serons plus sidérés par ces mots ni éparpillés dans un maelström de sensations aigües. C’est une évidence : avant-hier, nous avons été amoureux ; hier, nous étions copains ; aujourd’hui, nous nous aimons, comme les adultes que nous sommes devenus, nous ne sommes plus des post-ados papillonnant dans leurs sentiments. Il est vrai qu’il y a de quoi être surpris : au fil de nos vies, nous étions devenus de vrais amis, nous ne pensions pas du tout revivre une histoire d’amour. Et nous allons la construire, la réussir !
L’eau représente pour moi l’élément de prédilection, pour la grande diversité de toutes ses apparences : eaux paisibles ou violentes, vives ou dormantes, « cascadantes » ou jaillissantes… mais il n’était pas question d’évoquer des eaux impétueuses, celles de la mer et de l’océan, des lacs et des étangs, car l’expression « au fil de l’eau » invite à une douce promenade le long d’un cours d’eau tranquille ; je suis peut-être influencée par un sens figuré que cette expression a perdu : sans se presser, alors que le mot courant qui est un synonyme est souvent associé aux épithètes rapide et violent.
Doit-on combattre les passions ? Réponse de Sénèque :
« Le sage est sans passion »
Doit-on les cultiver ? Réponse d’Hegel :
« Rien de grand ne se fait dans un monde sans passion »
Finalement, je préfère la citation de Platon que tu as proposée :
« La vie la plus désirable est le mélange du miel du plaisir et de l’eau simple de la connaissance. »
À propos, qui a dit que l’usage des citations nous dispensait de penser ?
Je constate que les poètes nous sont d’un grand recours. Mais ne soyons pas ironiques. Je sais aussi, Marie-Claude, que beaucoup de liens qui te sont chers te rattachent à Grenoble. Claire, ta sœur, Julie, elles ont eu besoin de toi, elles ont toujours besoin de toi. Nous allons laisser le temps au temps ! Vivre de la manière la plus généreuse possible, sans oublier d’avoir de la générosité à l’égard de nous-mêmes.
Les passions sont le plus souvent égocentriques, dans cette histoire le personnage, qui est réel et non fictif, est habité par sa passion pour les êtres humains qui souffrent. Elle est l’incarnation de ce que l’on peut appeler la générosité, la compassion ou l’empathie ; toutes ces qualités sont proches, chacune avec une nuance différente, assez bien synthétisées avec le mot agapé des Grecs anciens.
Au fur et à mesure de la progression de la fresque, le peintre répondait avec patience et longuement aux questions les plus saugrenues du Martin, sans se moquer, soucieux d’être un bon pédagogue, bien que celui-ci ne soit qu’un jeune paysan : en commentant chaque scène, le maître n’anticipait jamais sur la suite du récit !
Depuis quelque temps, il vit dans cette maison de repos, il ne souffre pas, il est seulement très fatigué, de temps en temps, il reçoit la visite d’un de ses anciens assistants, Peter Donavan, et parle avec lui des abeilles, de leurs besoins rythmés par les saisons, du nouveau fléau qui sévit mondialement dans les ruchers, le varroa. C’est Donavan qui doit passer cette fin d’après-midi, aussi le vieil homme s’efforce de se maintenir en éveil : il appelle à lui cette image du rucher prospère, celle qu’il a évoquée jadis d’un New York en miniature, lors d’une conférence.
Dans le parcours de l’arête qui descend de la gare d’arrivée, il l’observait : elle avait vieilli comme tout le monde, mais à quarante-deux ans elle avait toujours le même charme, elle avait su entretenir sa forme, bien qu’elle ne soit pas une grande sportive et qu’elle passe trop de temps dans ses livres. Il se vantait autrefois d’avoir obtenu sa licence de lettres en se contentant d’étudier ses cours sans se reporter aux livres : ce qui n’était pas vrai, bien sûr, il s’amusait de sa naïve indignation.
Tous les marins la craignent cette vague gigantesque, pour certains, héros de périples marins, pour d’autres, simples travailleurs dans leurs activités de pêche… Elle peut se former dans une eau agitée, elle est alors beaucoup plus formidable que ses congénères, elle peut aussi représenter un phénomène isolé, inexplicable. En Occident on l’appelle la vague scélérate, dans le Pays du Soleil levant on la nomme « la Grande Vague ».
L’eau est propice aux rêveries.
Je me souviens combien les peintres impressionnistes ont su saisir les apparences insaisissables des rivières aux eaux riantes, comme l’Oise. Une scène tout particulièrement : une barque, une grisette rêveuse qui abandonne sa main au paisible courant, un canotier qui manie habilement sa perche, en soulevant une gerbe de gouttelettes arc-en-ciel, pour gagner l’ombre accueillante d’un saule.