Mon désir d'épanouissement devait lui apparaître comme un souci de riche. Je doute que mes parents, pendant leurs trente années de vie conjuguale, aient abordé ce sujet ne fût-ce qu'une fois. (...) [ Ma mère ] avait soutenu sans mot dire tous les choix que j'avais faits. Cette fois, pourtant, elle m'a jeté un regard en coin chargé d'ironie, a mis son clignotant pour quitter l'autoroute et regagner notre quartier, et a laissé échapper un petit rire. "Si tu veux mon avis, a t-elle dit, gagne de l'argent d'abord, tu t'occuperas de ton bonheur après."