Le Chili devint un pays d’arrestations, d’exécutions sommaires, de procès truqués. La Dina fouilla les universités, les bibliothèques, les laboratoires de recherche, déportant les esprits les plus éclairés du siècle. Trois mille personnes assassinées, trente mille prisonniers politiques, vingt-cinq mille étudiants expulsés, deux cent mille ouvriers renvoyés. Les prisons se remplirent de professeurs émérites, d’intellectuels, de musiciens, d’artistes. Les domaines viticoles se transformèrent en centres d’interrogatoire où on torturait des poètes, des boulangers, des luthiers, des marionnettistes. Marcher dans la rue le soir était interdit, avoir des cheveux longs était un délit, lire de la poésie était suspect. Ils voulaient construire un moulin, alors qu’ils interdisaient le vent. (page 157)