AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de SZRAMOWO


Ester arriva hors d’haleine et en même temps que le train. Mais elle ne s’approcha pas du groupe car au lieu de Raffaele, son fiancé, ce fut un homme bouffi, presque chauve et vêtu d’une grotesque salopette verte qui descendit du wagon. Raffaele était pauvre. Son père avait été ouvrier agricole et, enfant, il travaillait à ses côtés, avec un petit bonnet de laine sur la tête l’hiver, et l’été, un mouchoir mouillé, noué aux quatre coins. Engagé volontaire, il était parti à la guerre parce qu’il était fasciste, disaiton au village. En réalité, il avait tout simplement lu et relu les romans de Salgari, de Melville, de London et de Conrad, et il avait rejoint la Marine pour voir la mer. Ou bien, parce qu’il ne voulait pas rester toute sa vie ouvrier, berger, ou paysan. Il avait dit à sa mère qu’il ne rentrait au village que pour la saluer, après quoi, il remettrait son uniforme de marin et repartirait. Sa mère s’était retrouvée veuve très tôt. Dans leur rue, elle était la seule à savoir lire et écrire, et pour une lettre, on la payait d’un œuf. Elle le donnait à son fils cadet, de santé fragile, et Raffaele, son robuste aîné, n’avait presque jamais rien à manger. C’est aussi pour cela qu’il était parti à la guerre, pas parce qu’il était fasciste.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}