AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.81/5 (sur 8 notes)

Né(e) : 1951
Biographie :

Milo De Angelis est un poète de langue italienne. Il est l'auteur de plusieurs recueils de poésie, ainsi que d'un recueil d'histoires et d'un essai. Il a également publié des traductions de plusieurs auteurs français modernes et classiques grecs.

Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Milo de Angelis   (6)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
L’OCÉAN LÀ-DEVANT


L’océan là-devant là devant
comme une idée d’aplomb
ou une hémoptysie
dans le plus court intervalle entre les tempes.
Le gris souffre. Le gris n’est pas une couleur
mais un retournement, c’est scruter par terre
l’absolue moitié de chaque chose, plier en quatre
les planètes de la fortune
qui nous donnent une limite au fond de la poche,
de même qu’en hiver cette rangée de maisons
signifie marcher côte à côte, être en hiver.


//Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para.
Commenter  J’apprécie          60
NUL NE SE REPOSE


Nul ne se repose. Le garçon
au front lacéré sur le trottoir
entend le coup de sifflet des dieux, un tourbillon
venu du stade qui le réveille
aux confins de la ville
et le soulève. Mais toi aussi
tu percevras dans la chambre scellée
la montée d’une vieille odeur d’essence
et tu voleras par-dessus la cour
où un inconnu se penche
au balcon, de l’asphalte plein les mains.


/Traduction d’Angèle Paoli
Commenter  J’apprécie          30
VOICI L’ACROBATE DE LA NUIT…


Voici l’acrobate de la nuit, le corps
sans rien, une incision
dans l’air, un pur jaillissement
de phosphores : il a jeté son émeraude
à l’ultime fortune, s’est approché des sépultures des morts,
a montré à chacun le chemin. La terre appartient
à ceux qui l’ont abandonnée.


//Traduction d'Angèle Paoli
Commenter  J’apprécie          30
Iana Boukova

S-pousses

Corde, une ligne droite qui s'efforce de se montrer utile.
La soupe, une façon d'aimer les choses.
Feeling, une pommade pour les débutants.
Savannah, ce que je vois sur mon corps allongé.
Slogan, jambe de bois d'une pensée.
Le savon, au moins garantit que vous êtes propre lorsque vous glissez.
Service de vaisselle, défilé de porcelaine militante.
Epinard, le petit cousin du Père Noël.
Esclave, chaque miroir intact.
Sexe, une enseigne au néon.
Merde, surtout pas une maladie infantile.
Parrain, quelqu'un qui ne se souvient jamais de son nom.
Salami, tranche de symbiose.
Stage, l'utilité de toute surface lisse.
Sandwich, un tango à la moutarde.
Combinaison de plongée, une blague parmi les crabes.
La symétrie, une maladie très contagieuse.
Sacco, une balle a atterri.
Sismographe, personne occupée à ne décrire que les événements majeurs.
Skeleton, un orchestre de percussions piégé.
Tabouret, une table basse tamisée.
Marteau et faucille, le couteau et la fourchette de l'histoire.
Sardine, un poisson qui présente un comportement semblable à celui de l'homme dans de petits espaces.
Le strip-tease, un acte qui ennuie le spécialiste des rayons X.
La schizophrénie, l'étreinte grande ouverte de l'esprit.
Stalactite, fille du supplice de la goutte d'eau.
Sperone, code Morse de l'amour divin.
Septembre, un avril d'âge moyen.
Sternum, quelque chose comme la boîte de Pandore en rose (et violet).
System, un tamis qui a aussi de grands trous.
Escargot, le coursier du temps.
Semer, enterrer dans la phase maniaque.
Station, progression de la fin.
Sophiste, un sage assuré.
Scarabeo, un gentleman anglais dépourvu de quelques voyelles.
Choc, bon à porter sur soi en cas de crampes.
Spectacle, quand Aristote pleurait.
Shaman, gestionnaire des morts.
Serafino, le seul étendard de l'église qui n'est pas un dragon.
Spada, une splendeur qui laisse les choses inachevées.
Salsa, une danse chaude.
Statistiques, l'abus philologique des mathématiques.
Assaisonnement, je soupçonne la haine de la simplicité des choses.
Commenter  J’apprécie          10
MERCREDI



Au Parc de la Rimembranza, dans le brouillard du nord,
le jour de son anniversaire, je ne pouvais trouver que lui.
Il regardait par terre les marrons qui venaient de tomber et s’amusait
à les pousser du pied gauche dans le fossé, avec ces chaussures
années trente qui lui donnaient une élégance peu ordinaire.
Je le regardai de loin. Maigre, pensif, tendu vers une saison
éternelle qui nous frôle tous nous autres passagers.
Lui solitaire par force et par nature,
regardait les enfants à bicyclette avec une étrange attention,
il rassemblait les emblèmes du commencement et de la fin,
il sentait sans doute que désormais son segment était court et il marchait
avec de plus en plus de lenteur, un cri dans le sang
que seuls les poètes peuvent percevoir.
Il finit par s’asseoir sur un banc avec son tapuscrit
aux mille corrections faites au stylo, posé sur les genoux,
et il écrivait, il écrivait et moi j’étais un enfant et je ne savais
rien de lui, mais je regardai longuement ce titre :
La lune et les feux.


/revue Voix d’Encre n°63, octobre 2020
/Traduit de l’italien par Angèle Paoli et Sylvie Fabre G.
Commenter  J’apprécie          10
MILAN LÀ-DEVANT

Milan là-devant, là-devant
comme une idée à l’aplomb
ou une expectoration de sang
dans le plus long centimètre entre les tempes
nous observons les planètes de la fortune,
les boîtelettes qui nous fixent une frontière
jusqu’à ce qu’un chemin nous conduise
dans le tête-à-tête étranger
mendiants d’hôtel
avec l’idée et dans l’idée le schisme.


//Traduction Angèle Paoli
Commenter  J’apprécie          20
“T.S.”, II


Et puis vous avez dû connaître, au moins une fois
cet instant où le liquide, très délicat,
passe les lèvres, s’écoule jaune au creux du lavabo,
sonde et sirènes perdues au loin.
La respiration faiblit, s’interrompt, reprend,
quelle paix sur la rive gelée de l’orage :
un canoë glisse vers l’île coralline
et les cellules sexuelles s’accouplent dans l’océan,
il n’y a pas de faits irréparables,
rien que les éponges cycliques, les insectes
qui recouvrent l’air :
voici une couleur de nacre, un rocher dans le sable,
le peignoir qu’elle enlève d’un geste,
la solennité de la lumière, la merveille initiale.
La femelle du pélican
appelle sa nichée éparse dans la tempête
et peut-être voit-elle quelque chose, parmi les récifs,
quelque chose qui bouge,
demain elle courra au milieu
de ses petits, pour respirer
dans le bleu profond de la marée
qui monte à la surface, renaît maintenant
et trouve une terre différente, une autre voix.
Commenter  J’apprécie          10
Les nations se noient, les tours s'effondrent, un chaos
de langues et de couleurs, de traumatismes et de nouvelles amours,
entre dans Bovisasca, efface la solitude magistrale
du XXe siècle, de nos lignes
suspendues dans le vide. D'autres femmes errent au milieu
des restes du marché, dans la nouvelle misère
de ce moment. Je m'assois au café en bas,
je regarde le paysage que Sironi a fait, un 12
août solitaire , je commence à convoquer les ombres.

Je revois mon père dans une ville balnéaire, une brise
de la Belle Epoque et le sourire perdu d'un garçon.
Et puis Paoletta qui a triomphé sur le tapis de judo
trois secondes avant la fin. Et Roberta
qui a consacré sa vie. Et Giovanna,
dans un silence hospitalier, quand le temps
révèle ses grands paradigmes.

"Les amours ténébreux reviendront à la vie les
amours qui ont laissé une épine parmi les années
reviendront, reviendront, lumineux."
Commenter  J’apprécie          10
Affogano le nazioni, crollano le torri, un caos
di lingue e colori, traumi e nuovi amori,
entra alla Bovisasca, spazza via il novecento
della solitudine maestra, del nostro verso
sospeso nel vuoto. Altre donne si aggirano
tra gli scarti del mercato, nella nuova miseria
di questo istante. Io siedo al caffè sottocasa,
guardo il paesaggio che fu di Sironi, in un solitario
12 agosto, inizio a convocare le ombre.

Rivedo mio padre in una città di mare, una brezza
di Belle Epoque e un sorriso sperduto di ragazzo.
E poi Paoletta che sul tatami trovò la vittoria
a tre secondi dalla fine. E Roberta
che ha dedicato la sua vita. E Giovanna,
in un silenzio di ospedali, quando il tempo
rivela i suoi grandi paradigmi.

“Torneranno vivi gli amori tenebrosi
che in mezzo agli anni lasciarono
una spina, torneranno, torneranno luminosi”.
Commenter  J’apprécie          10
Antonella Anedda (Anedda-Angioy) est née à Rome où elle vit toujours, en 1955. Elle enseigne à l'Université d'Arezzo et à temps partiel dans une école de Rome.

Elle a traduit des poètes tels que Ovidio (Tristia) Philippe Jaccottet (les recueils de poèmes de Philippe Jaccottet Appunti per una semina, paru en 1994), Jamie McKendrick (sept poèmes dans «Chiodi di cielo» (2003) traduction italienne par Luca Guerneri), Anise Koltz. En 1998, elle a publié Distant Names qui se compose de traductions et d'interprétations d'Emily Bronte, Tyutchev, Mandelstam, Tsvetaeva ..

[Avant le dîner]
Avant le dîner, avant que les lampes ne réchauffent les lits et le feuillage des arbres est vert-sombre et la nuit est déserte. Dans le court espace du crépuscule, des saisons inconnues entières passent; puis le ciel se remplit de nuages, de courants qui soulèvent des souches et des ronces. L'ombre d'un mystérieux orage bat contre les vitres. L'eau renverse les buissons, les bêtes titubent sur les feuilles humides. L'ombre des pins tombe sur les planchers; l'eau est gelée, de la forêt. Le temps s'arrête, disparaît. Soudain, dans le calme solennel des avenues, dans le vide des fontaines, dans les pavillons éclairés toute la nuit, l'hôpital a la lueur d'une résidence d'hiver de Pétersbourg.

Il y aura un pire cauchemar
entrouvert entre les draps de jours où
aucune porte ne claquera
et les clous plantés au début de la vie
se plieront à peine.
Il y aura un meurtrier allongé sur le balcon avec
son visage entre les draps, l'arme placée sur le côté.
Lentement la cuisine s'ouvrira
sans le fracas de verre brisé
dans le silence de l'après-midi d'hiver.
Ce ne sera ni amertume, ni rancune, seulement
- pour un instant - les plats
deviendront immenses avec une splendeur marine.

Ensuite il faudra se rapprocher, peut-être remonter là
où le futur se rétrécit
jusqu'à l'étagère pleine de vases
dans l'air renversé de la cour
la mouche sans s'élargir de l'oie,
avec la mélancolie du patineur de nuit
qui connaît soudain
la direction du corps et de la glace
, il suffit de faire demi-tour, de
partir.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Milo de Angelis (4)Voir plus

¤¤

{* *}