MERCREDI
Au Parc de la Rimembranza, dans le brouillard du nord,
le jour de son anniversaire, je ne pouvais trouver que lui.
Il regardait par terre les marrons qui venaient de tomber et s’amusait
à les pousser du pied gauche dans le fossé, avec ces chaussures
années trente qui lui donnaient une élégance peu ordinaire.
Je le regardai de loin. Maigre, pensif, tendu vers une saison
éternelle qui nous frôle tous nous autres passagers.
Lui solitaire par force et par nature,
regardait les enfants à bicyclette avec une étrange attention,
il rassemblait les emblèmes du commencement et de la fin,
il sentait sans doute que désormais son segment était court et il marchait
avec de plus en plus de lenteur, un cri dans le sang
que seuls les poètes peuvent percevoir.
Il finit par s’asseoir sur un banc avec son tapuscrit
aux mille corrections faites au stylo, posé sur les genoux,
et il écrivait, il écrivait et moi j’étais un enfant et je ne savais
rien de lui, mais je regardai longuement ce titre :
La lune et les feux.
/revue Voix d’Encre n°63, octobre 2020
/Traduit de l’italien par Angèle Paoli et Sylvie Fabre G.