AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de michelekastner


Quelque chose émanait d'elle qui me la rendait terriblement proche. J'éprouvais à ses côtés une sensation de bien-être ; une vague tiède m'envahissait la poitrine et me soulageait du poids qui ne me quittait pas depuis la mort de mes parents. Je n'étais pas malheureux à proprement parler, engourdi plutôt, et Anna me sortait de ma léthargie, ou plus exactement en changeait la nature : mon regard sur ce qui m'entourait n'était plus le même du fait de sa seule présence. Elle avait beau arpenter cette terre, elle semblait vivre sur une autre, bien plus riche et poétique que celle que je connaissais, et qu'elle me faisait entrvoir chaque fois que nous nous retrouvions. C'était comme un secret qu'elle portait en elle et que, me semblait-il, j'étais toujours sur le point de pénétrer lorsque ma grand-mère et Mme Thi nous rappelait à elles pour rentrer à la maison. C'était ce secret, j'en étais intimement persuadée, qui donnait à la musique créée par ses mains ce caractère absolu. Derrière la délicatesse des nuances et le touché assuré, on décelait quelque chose d'autre, comme une soif d'exister, une aspiration inextinguible douant chacune des notes jouées par Anna d'une vibration particulière : elle partait du ventre pour parcourir tout l'organisme, dans un fourmillement irradiant coeur, poumons, muscles, peau, avec une intensité telle qu'il me semblait parfois que j'allais imploser. Que mon corps, semblable à une prison de chair, était trop étroit pour contenir tout ce que je ressentais en écoutant Anna.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}