« Inventaires » de Philippe Minyana au Théâtre Princesse Grace.
Le 14 novembre 2013, le Théâtre Princesse Grace a accueilli les comédiennes Edith Scob, Florence Giorgetti et Judith Magre. Elles jouent le rôle de trois femmes participant ensemble à un jeu télévisé. Chacune apporte un objet fétiche, leur permettant de faire un inventaire mouvementé de leur vie. Un spectacle loufoque et touchant, qui a conquis le public monégasque.
LE VOLCAN (à Phèdre la Jeune): Au milieu des champs de cannes et des rizières je vous regarde vous ceux de l’archipel et ma colère est si grande que je sens ma roche qui frétille et se charge d’eau et d’acides et moi le volcan je vais vomir ma lave si visqueuse que les gaz souterrains qui vont s’accumulant ne pourront s’échapper et pan ce sera l’énorme et répugnante explosion phréatique qui vous fera vaciller vous les hommes et vous vacillerez si bien qu’il n’y en aura plus d’hommes la terre sera un désert et tous ces siècles de christianisme désordonné s’évanouiront et cet archipel clé de voûte de la présence militaire des nations importantes lui le pion principal sur l’échiquier stratégique mondial et vous tous habitants qui bouffez la noix de coco et le hamburger vous serez engloutis hop plus de pays ma lave vous aura avalés.
Mais le cœur de l’archipel est en émoi les écoles les banques les commerces ferment leur porte l’armée enfile le treillis la septicémie ronge l’organe politique ah ce n’est pas de mes six failles qui savent si bien cracher leur crachat que vous craignez le pire puisque tout vous menace et c’est vrai que c’est pire car moi je peux encore me retenir. »
Mais ce qui est merveilleux, si j'ose dire, c'est que quand les gens ont vu les "Drames brefs" et "La maison des morts" où j'évoque ma mère de façon flagrante, ils m'ont dit : "Mais tu as toujours ta mère?" Personne ne soupçonnait qu'elle avait disparu. J'ai trouvé ça très bien. Cela signifiait que j'étais dans le travail et pas dans l'aveu, ni le règlement de comptes. Je proposais un objet artistique avec des figures maternelles identifiables.
Vous êtes difficiles à aimer
et l’inquiétude est plus forte que l’amour
Le Père, voix calme.
- Un jour que je cueillais des groseilles à maquereau
Il ne sait plus ce qu’il voulait dire.
- Un jour que je cueillais des groseilles à maquereau
C'était la chambre bleue tout était bleu une chambre de garçon est bleue tu vois comme j'étais conne. Chez ma fille c'était rose c'était comme ça à l'époque Un jour ils sont partis les études et puis ils ont fait leur vie
Dans cette chambre je cousais je repassais et je me souvenais ça me détruisait
L'arrière-grand-mère encore vivante mais très âgée, malade, méchante, bête, déteste sa fille, ma grand-mère, qui est méchante, bête, travailleuse et qui déteste ma mère, fragile, nerveuse, pleureuse et qui n'aime que son père.
Enfants je les aimais de la même façon compulsive et folle
Ensuite c'est difficile à dire. C'est eux qui choisissent la façon que tu as de les aimer en fonction de ce qu'ils te donnent ou ne te donnent pas
MME AVRIL
Le poète a dit "La mort est trop certaine oublions-là" Moi je l'ai convoquée
L'AMI
Moi elle m'est tombée dessus
MME AVRIL
Par peur d'être banale j'ai fini par n'être rien
Après, j'ai inventé ma propre langue. Ce que j'aime conquérir c'est la langue. Une langue pour le théâtre, pour la bouche et le palais, une langue respirée déjà.
J'ai essayé de vivre j'ai fait semblant de vivre je me suis appliquée à vivre. J'étais dans la vie mais quand on est dans la vie on est aussi dans la mort