AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Aux yeux de la monarchie saoudienne, l’instauration d’une république islamique en Iran représente une menace pour l’ensemble de la région du Golfe. Il faut donc impérativement installer en Afghanistan un État islamiste sunnite qui fera barrage aux velléités du voisin perse, d’autant plus que certaines régions afghanes sont peuplées par des chiites. Par ailleurs, la doctrine wahhabite, qui régit la monarchie saoudienne, est résolument anticommuniste. Il y a donc dans l’engagement de cet État théocratique une considération géopolitique doublée d’une dimension idéologique et religieuse. Ce sont les Saoudiens, à travers leur manne pétrolière, qui se chargent de financer largement ceux que l’on appellera complaisamment les « moudjahidines » et qui sont tous, soit le produit de l’école wahhabite, soit les adeptes de la pensée frériste.

Le Pakistan a, pour sa part, d’autres intérêts. Ennemi traditionnel de l’Inde, le régime d’Islamabad – lui-même d’inspiration islamiste, travaillé par l’idéologie des Frères musulmans, mais aussi par une forme locale de salafisme, appelé le deobendi – a besoin d’un prolongement territorial que peut lui assurer un régime afghan allié, voire à sa solde. De plus, la pensée élaborée et diffusée par Abu Al-Ala Al-Mawdoudi, le théoricien local, proche de la pensée frériste et fondateur en 1941 d’un courant militant pour l’instauration d’un « État islamique », allait être, elle aussi, en cohérence avec les choix politiques opérés au plus haut niveau de l’État.

Dirigé depuis la fin de l’année 1978 par le général Zia Ul-Haq, un galonné ardent défenseur du « projet islamiste », le régime a lancé une vaste politique de réislamisation du pays, édifiant notamment un réseau d’écoles coraniques et bafouant les règles démocratiques les plus élémentaires. Les fortes relations tribales qui existent des deux côtés de la frontière vont faciliter cette étroite coopération. La région pakistano-afghane est peuplée par les pachtous, ethnie guerrière très conservatrice et donc totalement perméable aux idées islamistes. Rappelons enfin que les États-Unis ne voulaient pas d’une lutte de libération classique, mais d’une véritable guerre à portée religieuse. L’administration de Jimmy Carter puis celle de Ronald Reagan favoriseront cette option et encourageront le financement d’écoles coraniques, qui existent encore à ce jour, enseignant les principes du djihad et plus largement la haine des valeurs universelles et de l’Occident. La France, quant à elle, est totalement partie prenante puisqu’elle soutient elle aussi, militairement, politiquement et techniquement les islamistes afghans, y compris en fournissant des armes. Si les Américains livrent les redoutables missiles sol-air Stinger qui permettent d’empêcher les Soviétiques de disposer de la domination aérienne, les Français offrent leurs missiles Milan, tout aussi redoutables face aux blindés de l’Armée rouge.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}