Trailer du livre "Can't buy me love"
Nous nous devons d'endurer les duretés de l'existence. De les embrasser, même. [...] C'est cela. Il nous faut embrasser la tristesse, la colère, la douleur ou alors les repousser complètement, les faire disparaître à tout jamais, sous peine de les voir prendre le pas sur tout le reste. Toutefois, croyez-moi, mon petit, quand nous vivons avec, cela finit par devenir une partie de nous-mêmes. (p19)
-Lucy!
Casey jaillit de la cuisine, un beignet dans chaque main. Il étreignit les jambes de Lucy, maculant sa robe de chocolat et de glaçage, mais elle ne sembla pas s'en formaliser.
- Merci pour les beignets ! s'écria-t-il. Ils sont superbons !
- Tout le plaisir est pour moi, mon bonhomme, répondit-elle. Tu nous manques, au ranch. Maman fait plein de gâteaux à la banane et il n'y a personne pour les goûter.
Casey ouvrit grand la bouche et se tourna vers Jeremiah.
-Tu vois, je t'avais bien dit qu'il fallait que tu m'emmènes au ranch. Ils ont besoin de moi, oncle J.
La star de téléréalité devenue écrivaine était partout dernièrement. Et chaque fois que Jackson l’apercevait en couverture d’un magazine ou à la télévision, la même idée lui traversait l’esprit : cette nana est un aimant à problèmes.
Cette beauté à la chevelure de jais et aux iris violets était aussi éclatante qu’un diamant, mais dégageait un je-ne-sais-quoi de sulfureux. Il y avait quelque chose chez Monica qui lui évoquait toutes les choses moralement répréhensibles dont Jackson s’était privé ces sept dernières années. Le bourbon coûteux, la tequila bon marché, les belles femmes dont il ne souhaitait guère connaître le nom, les dîners à base d’entrecôtes, le Strip de Las Vegas, les tickets de stationnement non payés… La totale.
Monica avait appris que les apparences agréables constituaient un piège pour les personnes peu méfiantes.
Et elle était devenue plus méfiante que quiconque.
Pour autant, même avec des hommes séduisants, elle arrivait à afficher le sourire qu’ils attendaient d’elle.
Mais pas avec celui-là. Il était déconcertant avec toutes ses contradictions. Ses sourcils ombrageaient ses jolis yeux pâles et lui donnaient un air strict. Ses lèvres – la supérieure sculptée, l’inférieure charnue – étaient pincées. Ses cheveux blonds s’écartaient en vagues de son visage comme s’ils craignaient de retomber sur son large front.
Il parvenait à être à la fois austère et sublime.
Ses cheveux noirs, courts et sans artifices, étaient cachés sous un foulard en soie sauvage noué de façon complexe autour de sa tête. Elle paraissait à la fois méfiante et avide de savoir la suite. C’était une vraie force de la nature.
Les élèves studieux, calmes, désireux de bien faire lui rappelaient à l’évidence la fillette qu’elle avait été et elle voulait leur crier d’avoir du cran, de faire preuve de caractère. De s’inspirer des gamins qui causaient des problèmes et attiraient toute l’attention sur eux. Parce qu’attendre d’être vue, d’être remarquée vous menait inexorablement vers une crise de la quarantaine et des épisodes psychotiques qui faisaient voler votre vie en éclats.
Telle était, du moins, son expérience.
Toutefois, un cours d’arts plastiques d’école primaire n’était pas vraiment le cadre idéal pour aborder ce genre de réflexions.
Libre de quitter Bishop et sa toile collante d’attentes et de devoirs. Il pourrait emménager à Vegas, admirer les belles femmes qui, au premier signe d’intérêt de sa part, ne seraient pas tentées de lui cuisiner un ragoût et de lui parler de mariages printaniers. Il pourrait coucher avec des tas d’entre elles. Plusieurs en même temps, s’il le souhaitait. Il pourrait dormir tard, ou ne pas dormir du tout. Boire à l’excès. Sauter en parachute. Se faire tatouer, pourquoi pas !
Il pourrait faire ce qu’il lui chante.
Il était si séduisant, pas d’une manière outrancière, mais à la manière d’un type normal. D’un homme qui finirait sans doute par se dégarnir au bout de quelques années et prendre du ventre, mais sa bonté et son sens de l’humour reléguaient cela au second plan. Ses mains étaient larges, ses doigts longs. C’étaient de belles mains. Et il portait des lunettes, parfois de travers. Ce qui était farfelu, mais attachant.
Il était exactement le type d’homme avec lequel elle s’imaginait. Exactement.
En règle générale, les pirates somaliens ne s’en prenaient pas à leurs otages : c’était mauvais pour les affaires. Toutefois, vivre dans la terreur pendant trois semaines, c’était très long.
Penser à Ashley sous la menace d’une arme et maltraitée lui fit l’effet d’un coup en plein ventre. Le réduisit à une créature instinctive, animale. Cette situation était intolérable et il se devait d’agir.
Les pirates l’avaient bien nourrie, mais la plupart du temps elle avait été incapable de manger. Le parasite intestinal qu’elle avait attrapé au Kenya avait resurgi en Somalie. Et ainsi, vingt et un jours durant, Kate et elle avaient occupé tour à tour les toilettes du campement, qui correspondaient parfaitement à ce qu’on pouvait attendre d’un pays du tiers-monde.